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LE FESTIVAL TREIZE, UN VORTEX D’ÉLECTRONIQUE DÉVIANTE À RENNES LES 12,13 & 14 JANVIER

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La première édition sera à l’image d’une chasse à l’homme, à la poursuite de 25 groupes dans 6 salles, pour conclure sur une carte blanche au label Tripalium. Au programme de ces nuits blanches : A Brutal Game, Alliance Invisible, Automat, Broken English Club, Container, Badbad, Guilhem’all et Luke Vibert. Programme complet et tickets: ici

Pour les plus chanceux, Gonzaï fait gagner deux places pour le vendredi soir aux Ateliers du Vent. Envoie un mail à desk@gonzai.com

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Les histoires auto-reversantes de Hylé Tapes

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12998454_10153576192991732_6023700447494362340_nC’est bien simple : on dirait Don Quichotte. Le look pileux tout d’abord, hérité d’un passé à Barcelone, où Richard Frances a grandi jusqu’à l’adolescence. Mais pas que. Si ses moulins à vent se tournent avec un crayon gris, c’est que cet activiste de ce qu’on appelait jadis le do it yourself a aussi su conserver le souvenir des auberges espagnoles, et qu’on retrouve aujourd’hui sur cette espèce de discographie bordélique qui lui sert de curriculum vitae branlant.

Le vrai job de cet inemployable qu’est Richard Frances, n’a pas vraiment de nom. On ne saurait par quel bout prendre l’histoire tant la fin touche le début et vice versa ; disons donc que cette aventure ressemble à un Tiercé dans le désordre et que vous avez forcément déjà croisé le natif d’Alicante quelque part, que ce soit dans son projet solo (Acid Fountain), avec son autre projet avec Adrien Kanter, JUJU, avec Pointe du Lac, derrière Adrien Soleiman (il a coproduit « Brille ») ou plus silencieusement derrière son duplicateur à K7 pour promouvoir ce qui s’apparente à de la résistance à 200 copies pressées sur Hylé Tapes, sa lubie à double-face.

Inutile d’insérer une grosse flèche clignotante : la rentabilité de tous ces projets n’est vraiment pas le but ni le moteur du label. Ce qui touche, notamment, dans le catalogue Hylé Tapes, ce sont ces visuels oscillant entre l’abstrait, le contemplatif et les gribouillages d’école maternelle. Dire cela, ce n’est pas gratuit. A l’heure du tout packaging, les artistes de ce roster qui n’a rien d’autre à vendre que du beau temps perdu se démarque par une naïveté primaire et un goût pour l’altération du support qui fait évidemment écho aux travaux de William Basinski sur son « The Disintegration Loops » (2002). Puisque rien n’est éternel, pas plus les artistes que les compacts discs à durée de vie limitée, autant s’en donner à cœur joie sur les petits plaisirs du quotidien. Ce que font avec un désintéressement déconcertant tous ces musiciens réunis pour l’amour de la musique ambient et progressive, et qui fonctionne par vagues successives sur la tronche d’un auditeur lassé du trop-vite : il y a le magma du norvégien Anders Brørby, l’électronique de junkie pour parking désaffectés de Jefferson Aircrash, Head Dress et ses systèmes modulaires qui ne sont pas sans évoquer le formidable album de Paki & Visnadi réédité chez Antinote, ou encore le bien connu Julien Lheuillier, « le Klaus Schulze de Créteil », repéré ici avec Pointe du Lac. En bref le rayon bizarreries bricolées, chez Hylé Tapes, est plus grand que chez Ikea.

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Tout cela est évidemment mille fois plus intéressant qu’un énième disque de Brian Eno, ne serait-ce que pour la fraicheur et la proximité de musiciens pas encore arrivés au climax de leurs carrières. D’ailleurs, en ont-ils une, de carrière ? En bon artisan, Richard Frances semble s’en cogner complet ; le propos est artistique, pas commercial. A ce jour, 35 K7 – toutes disponibles en format digital, itou – ont vu le jour ; et leur écoute suffit à comprendre que nous ne sommes pas ici en présence d’un hiptsouille ayant pris le courant du magnétique en route pour faire le malin avec ses trois pauvres copies vendues 20 balles.

Alors oui, certes, difficile de croire au « retour de la K7 » tel qu’on l’entend claironné au loin par trois marioles. Mais pour tout comprendre aux rêves pastels de ce salarié à temps plein de chez Demerdetoi.com, ne reste plus qu’à appuyer sur PLAY en lisant l’interview qui suit.

Comment a commencé l’aventure Hylé Tapes ?

Hylé Tapes est né de mon mécontentement concernant le fonctionnement de la fameuse « Industrie du disque » et des labels, et même de certains labels indépendants. J’en avais marre d’attendre des mois, voire des années, pour sortir des disques : « ce n’est pas le bon moment », « il faut décaler car il y a telle sortie en même temps », « il y a x mois d’attente pour faire presser le vinyle, etc ». Je trouve que tout ceci est néfaste pour la créativité et pour la spontanéité. J’ai eu envie d’accélérer le processus de production et de sortie d’albums ou d’EP’s. Aujourd’hui je suis pratiquement autonome en termes de production, et donc ça va beaucoup plus vite dès qu’un album est enregistré. Puis l’aventure est née petit à petit, en faisant des rencontres virtuelles avec des musiciens et musiciennes qui font leurs disques dans leur coin. La seule prétention d’Hylé Tapes est celle d’être un petit pas sur la route des ces créateurs.

« La K7 se dégrade avec le temps, comme nous. »

Tout le monde parle aujourd’hui d’un « engouement pour la K7″ en levant les bras au ciel façon illumination ». Okay, pourquoi pas. Mais toi, peux-tu me dire quel romantisme et fantasme tu mets derrière cet objet devenu confidentiel malgré lui ?

Il s’agit d’une bande magnétique, ce n’est pas un fichier parmi des milliards de fichiers sur ton disque dur externe. C’est aussi un bel objet avec lequel on peut s’amuser en termes de design de la jaquette. Il se dégrade avec le temps, comme nous. Et il me rappelle mon enfance et mon adolescence lorsque j’enregistrais des vrais compiles sur cassette et que je m’amusais à dessiner la pochette ou à faire des collages dessus. Mais je pense que tout ceci est accessoire pour moi. Le plus important est que j’ai pu me réapproprier les moyens de production en choisissant la cassette, chose impensable avec le vinyle. Autrement dit : fais-le toi même.

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Quel est le système de reproduction utilisé pour la duplication ? N’est-ce pas trop fastidieux ?

Pour Hylé Tapes, j’ai toujours fait la duplication moi même grâce à un duplicateur professionnel, une petite machine qui me permet de faire 50 exemplaires (dune durée totale de 30 ou 40 minutes par cassette) en une heure environ. Donc, non, dans mon cas ce n’est pas du tout contraignant. J’écoute toujours le disque sur lequel je travaille lorsque je créé les visuels ou que je dois dupliquer, imprimer, découper, plier, tamponner et numéroter à la main chaque cassette. Il faut juste être méthodique et patient. J’ai dû apprendre à faire le master sur cassette et à dupliquer moi-même mais ce n’était qu’une question de temps. Et le temps c’est tout ce dont je dispose, j’essaye donc de l’utiliser le mieux possible.

Avec toutes les sorties du label, j’ai l’impression que tu as développé une grosse communauté de nerdos autour de toi. Sais-tu à quoi ressemblent les fans de Hylé Tapes ?

Ils ressemblent pas mal à tous ces nerds qui achètent ce magazine chelou : Gonzaï. Mais les miens ont un Nakamichi à la place du cerveau, ah ah. Sérieusement, il y a de tout. Masculin, féminin, jeune, moins jeune, pas jeune du tout. J’ai quelques clients très assidus qui ne ratent pas une sortie du label et je leur suis vraiment reconnaissant. Pour ceux et celles qui aiment la géographie, beaucoup d’exemplaires partent aux Etats-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, ou l’Australie. Mais l’acheteur ou acheteuse type n’existe pas.

Ce soin tout particulier apporté aux pochettes, à l’esthétique handmade, est-ce une obligation pour toi ? Est-ce la condition sine qua none de l’existence de Hylé Tapes ?

Faire les choses avec amour, c’est une nécessité pour moi, en effet. J’essaye de faire un bel objet artisanal avec le peu de moyens que j’ai. Je ne sors que des éditions limitées, la plupart du temps à 50 exemplaires mais j’ai déjà fait des sorties à 30 ou à 100 exemplaires également. Dans un avenir assez proche, je compte diminuer le nombre de sorties par année ainsi que le nombre d’exemplaires pour chaque édition limitée, et faire des choses plus poussées en termes de design et de packaging.

« Le choix du format K7, c’est une déclaration d’indépendance et un doigt d’honneur à l’industrie. »

Même pour moi qui te connais un peu, suivre ta carrière c’est un peu complexe. Où en es-tu sur tous tes projets ? The New Reformed Church of Napalm Katia existe–t-il encore ? Qui d’Acid Fountain ?

Actuellement j’accompagne Pointe du Lac en live aux synthés, séquenceurs, boîtes à rythmes et autres engins cosmiques. Et en effet, je jouais de la batterie dans The New Reformed Church of Napalm Katia, avec Julien Lheuillier à la basse, Morgan et Christophe aux guitares et autres joujoux. J’ai quitté ce projet pour des raisons personnelles il y a un peu plus de deux ans, et Julien a été assez pris par Pointe du Lac. Du coup je ne sais pas du tout si ce projet existe toujours ou pas. Il faudrait demander aux autres musiciens. Concernant Pointe du Lac, je travaille avec Julien sur de nouveaux titres. Je ne donne pas d’autres informations pour l’instant car c’est quand même lui le patron; mais vous aurez des nouvelles cosmiques de Créteil, très bientôt.

Quant à Acid Fountain, c’est mon premier projet solo. J’ai sorti deux cassettes chez Hylé Tapes, « Fauna Diction », ma première tentative de regrouper musique « dance » (n’ayons pas peur des mots) et expérimentations sonores et « Aitana », une cassette assez différente, plus intimiste, et dont tous les titres font allusion à des moments de mon enfance vécus dans cette montagne d’Alicante nommée Aitana. Je viens de sortir « Sabina » sur l’excellent label anglais The Tapeworm et « Société minérale » sera disponible chez Søvn Records en janvier 2017. En janvier je sortirais également « 01112012 », ma première aventure sonore sous mon vrai nom, projet plus expérimental et minimaliste qu’Acid Fountain. C’est le label de Seattle, Jungle Gym Records qui s’en occupe.

Ne sortir que de la K7/digital, est-ce un manifeste ?

C’est un choix pragmatique avant tout, vaguement romantique, et peut être que, oui, c’est un manifeste. Je n’ai pas employé les termes « me réapproprier les moyens de production » de manière anodine, vous devez vous en douter. C’est une déclaration d’indépendance et un doigt d’honneur à l’industrie, à celle qui est là que pour le profit et s’en fout de la musique.

Question conne mais : quel avenir vois-tu pour l’avenir ?

Pour moi, l’avenir n’existe pas. Mais j’essaye de faire de mon mieux à l’instant présent. Concernant Hylé Tapes, je compte diminuer énormément la cadence des sorties et commencer à organiser des événements. Ça prend un temps fou de gérer toute cette pagaille. A la base, je ne voulais pas qu’Hylé Tapes soit un label « classique » avec un développement et suivi d’artistes et tout le tralala. Mais j’ai sorti tellement de cassettes en si peu de temps, et je fais tout tout seul, que maintenant j’ai envie de me calmer et de faire jouer un peu tout ce beau monde. Je prépare aussi une première compilation sur cassette et ce sera une compilation « non-masculine ».

« De nombreuses créatrices font des choses incroyables dans leur coin, mais leurs œuvres n’arrivent pas à nos oreilles, trop souvent pour des raisons de merde. »

Depuis le tout début du label j’ai voulu sortir plus de musique féminine sur mon label, mais ce n’est pas toujours évident pour différentes raisons. J’ai sorti la cassette de Kritzkom (Marine Drouan), Julia Blythe Gates, Logar Decay (Paloma López et Leslie García) ou celle avec les textes de Stéphanie Daoud, mais ce n’est pas suffisant pour moi, surtout sachant le nombre de créatrices qui font des choses incroyables dans leur coin et dont les œuvres n’arrivent pas à nos oreilles pour une raison ou une autre, mais trop souvent pour des raisons de merde. Je ne vais pas développer ici, car ce serait trop long. Lisez plutôt l’article Ce que j’ai appris sur les enjeux de genre et de représentation en fréquentant les cercles de musique expérimentale à Paris de Nastasia Kinsky sur The Drone à ce sujet. Je voudrais sortir la compilation entre janvier et février 2017. Les modestes bénéfices de cette compilation, sur cassette et en digital, seront destinés à une association féministe d’Oaxaca au Mexique qui s’appelle Luna del Sur A.C et qui lutte pour la décolonisation, la pluralité et la protection de l’environnement.

Pour finir, j’ai l’impression en posant ces questions de passer complètement à coté des artistes signés chez Hylé Tapes, quel est le point commun entre chacun d’eux, pour toi ?

Pour moi le fil rouge est une certaine idée de l’expérimentation en musique électronique. Il est difficile de trouver des ressemblances entre l’ambient de Darryl Burke Mahoney, l’étrange techno noisy de Takahiro Mukai et les expérimentations sonores de Paloma López et Leslie García, du collectif mexicain Interspecifics. Et pourtant, je trouve qu’il y a une cohérence dans cette collection de musiques électroniques de tout genre et horizon. Ce sont aussi les notions de communauté et d’indépendance qui nous unissent.

https://hyletapes.bandcamp.com

La compile Ramdam #6, pour bien commencer 2017

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La compile ouvre sur une ballade nostalgique à la mélodie entêtante de Fai Baba, valeur montante de la scène psyché suisse, qui descend en tyrolienne epour conserver l’esprit du Christmas Time. On traverse ensuite l’Atlantique vers des horizons plus caliente avec les Californiens de Jackie Zealous et leur morceau Susie T, non seulement à la simplicité mélodique d’une efficacité folle, mais aussi à l’image du dernier album du trio de Santa Cruz, « Psychic Data ». La compile nous propose comme souvent de dénicher les pépites en devenir avec les City Waves de Los Angeles, qui slident sur leur musique comme un skateur le long d’une rampe : avec désinvolture et grâce mélodique dans une atmosphère bricolo entraînante. C’est aussi le cas de Kera & The Lesbians qui ignore les codes et mélange savamment guitare folk, cuivres foutraque alliés à une voix cassée de camionneuse qui a vu plus de pays que Thelma et Louise.

La compile propose de nous surprendre, aussi bien avec des nouveautés issues des quatre coins de la scène underground qu’avec des classiques; et notamment la reprise du monument blues I’m in the Mood de John Lee Hooker. On est capté par la variété du choix proposé, du garage lo-fi et psyché des pourtant très jeunes suisses de Cosmic Fields, à la frontière entre Ennio Morricone et les Holydrug Couple, au punk aussi segalien que stoogien des excellents frenchy Wylde Tryfles.

Une fois n’est pas coutume, on se quitte avec la belle ballade In Vain des genevois de Pilot On Mars, qui achève ainsi une bonne petite compile parfaite pour passer l’hiver au chaud tout en voyageant. C’est ce qui fait la marque des défricheurs de Casbah Records qui, plus forts que l’Oeil de Moscou, ont les oreilles connectées aux quatre coins du globe.

https://casbahrecords.bandcamp.com/album/ramdam-6

Quand Invaders revisite le film « Carnival of Souls » avec une B.O. zombifiante

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A une lettre près, l’acronyme BO aurait pu signifier Bande Orrible. C’est peu dire que l’album-concept composé par Nicolas Courret et David Euverte a de quoi surprendre tant l’exercice du reworking est périlleux, et surtout lorsqu’il s’agit de composer la musique imaginaire d’un film d’horreur initialement sorti en 1962.

Carnival of souls, puisque c’est de cela dont il est ici question, raconte l’histoire de trois jeunes femmes tombant en voiture dans une rivière. Subitement, et comme on disait dans les reportages M6 dans les années 2000, c’est le drame : deux des trois femmes décèdent, et l’unique survivante, en plus de devoir faire sécher ses cheveux sans serviette à proximité, est poursuivie pas des zombies. Pas de bol, le film est un fiasco à sa sortie – le film a été tourné avec un budget de 30.000 dollars – mais acquiert ses titres de noblesse sur le tard, auprès d’une nouvelle génération de gamins fascinés par l’ambiance poisseuse qui s’en dégage.

Invaders

À partir de là, on peut effectivement parler de vie après la mort pour Carnival of souls, et qui plus est grâce à la Bande Originale aujourd’hui composée par les deux compères réunies sous la chapelle Invaders, nom de code de ce projet d’épouvante, pas éprouvant. L’un (Nicolas Courret) s’est fait connaître comme batteur pour Eiffel, Laetitia Shériff ou Fabio Viscogliosi ; l’autre (David Euverte) a fait ses armes avec Dominique A. et Miossec. À priori, rien qui puisse expliquer la musique futuriste qui s’échappe des enceintes ; le tout accompagné d’un brouillard épais dans lequel on croit deviner Zombie Zombie (forcément) et de manière encore plus surprenante l’ombre des Married Monk, eux aussi auteurs d’un projet similaire avec leur album « Elephant People » en 2008. On dit « surprise », mais en fait pas tant que ça. Avoir croisé la route de Viscogliosi (passé par la case Married Monk en 2001) explique peut-être en partie l’ambiance planche tordue qui se dégage de « Carnival of souls ».

Sur plus de treize chansons, signe éminemment porte-malheur, le duo de quadras réussit tout de même un bel exploit. C’est non seulement ce qu’on a entendu de mieux en 2017 au rayon hémoglobine, mais c’est aussi la preuve que pépé Carpenter a fait des petits. Et cette portée-là, elle est horrible.

Invaders // Carnival of Souls // Il Monstro (L’Autre Distribution)
Sortie le 3 février, en concert le même jour au Truskel (Paris) et en ciné-concert à Rennes le 11 février

VISUEL INVADERS

 

Lyr!que et v!olent, le cl!p de G!rafe & Bruno Girard en exclu !

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Mêler poésie et rock, c’est l’un des créneaux les plus casse-gueule au pays du binaire. Sauf que G!rafe & Bruno Girard s’en foutent royalement. Leur « Panier sur la tête » mêle poésie créole et larsens sans se soucier ni du ridicule, ni des épanchements façon larme à l’œil et pédale de disto écrasée de toutes ses forces. Baisser la garde et son froc, ça n’est pas la même chose.

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Faisons très court, pour les présentations. Depuis 2013, G!rafe fait du beau boucan. Bruno Girard est le co-fondateur de Bratsch, qui a tiré sa révérence il y a deux ans après quarante ans de scène. Ensemble, ils viennent de pondre « Panier sur la tête », adaptation musicale des textes d’Alain Péters, musicien réunionnais à l’origine du dark maloya psychédélique, genre né à la fin des seventies. Musicien dévoré par l’alcool et mort à seulement 43 ans, Alain Péters doit avoir sa carte de membre VIP des artistes maudits. Un peu plus de vingt ans après sa mort, voilà qu’il ressuscite bruyamment.

Tout oser

Les mecs osent tout : le ton sentencieux mais bouffi de sincérité, la psalmodie incantatoire, les chœurs sur les refrains qu’on imagine chantés à plein poumons, le torse bombé par la certitude de ne pas tricher, les textes auxquels on ne comprend pas toujours tout, les thèmes dessinés à la clarinette que l’auditeur mal embouché confondra avec un saxo des années 80, les guitares plus lyriques qu’un dimanche pluvieux de comédie romantique filmée à la super-8.

Au final, un vrai braquage émotionnel, du vol en Réunion, Bernard Lavilliers croisant le micro avec le groupe Rien, l’armure épluchée qui rend les armes et l’âme en warning, soudain si vulnérable. Ça doit être ça, d’avoir un cœur de rocker.

G!rafe & Bruno Girard // Panier sur la tête // Discobole Records (sortie le 3 février)
https://discobolerecords.bandcamp.com/album/panier-sur-la-t-te

En concert le 17 janvier à 20h au Café de la Danse


LA JUNGLE DEBARQUE EN VILLE AVEC SON PREMIER CLIP

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La Jungle, ce sont des morceaux de huit minutes qui emmènent directement aux portes de l’Enfer sans passer par la case prison. Ces deux-là ne sont pas là pour faire dans la dentelle et sont peu soucieux de l’état de vos tympans après écoute de leurs morceaux. Autant vous le dire, ça bourrine sévère et ça risque de faire réveiller votre grand-mère de sa sieste devant les Feux de l’Amour. Oreilles sensibles s’abstenir et attention aux éclaboussures.

En exclusivité chez nous et nulle part ailleurs, le groupe vient récemment de mettre en images un morceau de leur dernier album, « Helizona ». Un mélange de captation de leur récent passage au Point Ephémère et d’un scénario orchestré par le collectif Les Monstres ; et dans lequel on voit un couple s’acoquiner devant leur concert avant de finir mutilé dans une forêt. Le tout est rythmé par la mélodie tribale du morceau dans une ambiance des plus satanistes. Et franchement, ouais, ça donne envie d’aller se perdre dans la forêt la plus proche de chez toi.

La Jungle // II // Black Basset Records et Rockerill Records
https://lajungle.bandcamp.com/

En concert à Eurosonic (Pays-Bas) le 13 janvier (cherchez pas, c’est complet), à Bruxelles le 25 janvier et à Cambrai le 27 janvier

FLAMING LIPS : MAXI INTERVIEW

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Pour fêter les 56 balais de leur leader, le 13 janvier 2017, les Flaming Lips n’ont pas eu trop de mal à trouver le cadeau idéal. Un 17ème album, pardi ! Loin de nous l’idée de revenir ici sur la discographie fournie et bigarrée du groupe originaire d’Oklahoma par manque de temps, mais un constat : ces gars-là restent frais, passionnés. Et continuent de fuir ce que certains d’entre nous recherchent : la stabilité.

« Oczy Mlody » devrait énormément plaire aux fans du groupe. Au risque d’enfoncer les portes ouvertes à coups de voiture bélier, j’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit d’une excellente surprise. Voilà pour notre chronique express, on vous laisse vous procurer l’album par toute forme de moyens légaux et nous prouver le contraire par A+B si vous en avez envie. D’ici là, place au patron.

Salut Wayne. Désolé pour cette question bateau, mais que ce signifie le titre de l’album ?  C’est plutôt obscur.

Franchement, au début, on ne savait pas trop comment l’intituler. Par le passé, on avait eu pas mal de titres un peu bizarres, mais là, on était en panne. « Oczy Mlody », c’est un livre de poche qui traînait au studio. Un livre écrit en polonais, une langue incompréhensible pour moi. J’aimais ce qu’il m’évoquait. Je pouvais à peine le lire puisque je ne parle aucun mot de polonais. Ces mots m’intriguaient, mais je ne voulais pas en connaître la signification, je voulais que ca reste mystérieux. On a donc commencé à imaginer ce que cette « Oczy Mlody » pouvait être. Ca ressemblait au nom d’une drogue du futur. On s’est interrogés sur les bons côtés que pourrait avoir cette drogue en occultant volontairement les mauvais. J’imaginais une drogue magique, quelque chose comme l’Oxycodone. Quand tu fais de la musique, tu cherches toujours des paroles et des titres suffisamment évocateurs pour emmener l’auditeur vers le monde que tu viens de créer. Au départ, on avait uniquement un instrumental assez court, sans titre, qu’on surnommait « Stuff ». On a fini par le surnommer « Oczy Mlody ». On ne savait pas encore que ce serait le premier morceau de notre futur album, mais la suite a été plus simple. Parfois, un seul titre peut donner la tonalité de l’album.

Si j’en crois le communiqué de presse, l’ « Oczy Mlody » est une drogue qui ramène vers toutes les sensations positives de l’enfance ? Chouette programme.

Tu sais, les drogues qu’on préfère ne sont pas celles qui nous tirent vers le bas, mais celles qui nous font oublier le stress de la vie moderne. Ce n’est pas uniquement les côtés positifs de l’enfance, c’est surtout les moments où tu commences à comprendre qu’il faut aimer notre monde.

« Parfois, j’en viens à me demander si nous ne faisons pas de la musique pour enfants. »

Tu parles d’enfance. Te sens-tu plus nostalgique aujourd’hui qu’à l’époque de « The Soft Bulletin » ?

Peut-être. Ce sentiment me fait moins peur. J’ai appris à l’utiliser. Tu ne sais pas vraiment pourquoi, mais avec le temps, soit tu te mets à tout détester, soit tu commences à tout aimer dans ce monde. Je fais parti de cette deuxième catégorie. Parce que tu sais que tout moment promet une nouvelle expérience qui va déclencher quelque chose de nouveau en toi, ou te rappeler quelque chose. Les Flaming Lips ne datent pas d’hier. A chaque fois qu’on écrit quelque chose ou qu’on entend d’autres groupes, cela nous ramène à des choses du passé, à des références. C’est normal. Mais notre musique n’est pas du tout nostalgique. Plutôt lié à nos arrangements modernes et oniriques. Parfois, j’en viens à me demander si nous ne faisons pas de la musique pour enfants. Ou du rap galactique. Chaque morceau est synonyme de nouvelle expérience, voire de porte vers un autre monde. Comme peuvent l’être certains morceaux de rap aujourd’hui. A$AP Rocky, par exemple, est hallucinant. Mais c’est pas le seul.

Tu décris les Flaming Lips comme étant à égale distance de Syd Barrett et d’A$AP Rocky. Par analogie, on pourrait considérer cet « Oczy Mlody » comme un mélange de Mandrax et de Weed, non ?

Je ne connais pas le Mandrax. Qu’est-ce donc ?

Syd Barrett l’utilisait sur scène. Selon la légende, ça l’a rendu fou. Même s’il devait probablement avoir quelques prédispositions plus jeune. 

Je vois. C’est peut-être ça qui l’a rendu schizophrène. La raison pour laquelle tu aimes parfois une musique, c’est parce que ça te rappelle des choses. Que ça évoque des souvenirs. Pour moi, c’est le pouvoir le plus important de la musique, te faire voyager dans le temps. Ce qui est certain, c’est que je ne veux absolument pas qu’on fasse une musique du milieu, un truc tiède et inoffensif. Je veux qu’on soit soit Syd Barrett, soit A$AP Rocky. Avec ou sans drogues. La frontière est parfois très fine.
Tiens, The Castle par exemple. Avec un arrangement différent, il n’aurait certainement pas autant de puissance. Ca pourrait même être très chiant, très classic rock. Mais avec ces beats des deux côtés, ça devient vraiment intéressant. Quand je ne chante pas, j’écoute et je me perds complètement dans le morceau. On pourrait faire des berceuses tristes, des choses assez belles et mélodiques, mais ça nous ennuierait très, très rapidement. Ce que j’espère, c’est d’arriver à transmettre notre excitation à ceux qui nous écoutent. L’idée n’est pas non plus qu’on se perde complètement dans notre musique, qu’on y retrouve plus rien. L’expérimentation peut avoir ses limites. On essaye de se détacher de toutes les influences possibles, mais y parvient-on à chaque fois ?

Les Flaming Lips sont parfois perçus comme un groupe très sérieux. « Oczy Mlody » est à nouveau un concept album. C’est une recette obligatoire, ce « nouvel album = nouveau concept ».

On peut décrire ce nouvel album comme un concept album, c’est vrai. Même si on a pas vraiment accès notre communication là-dessus, contrairement à ce qu’on aurait pu faire pour « Yoshimi battles the pink robots ». Sur ce disque, on avait un titre d’album, un morceau qui portait le même nom, et des thèmes similaires dans plusieurs morceaux. On aurait pu accentuer le tout et faire une pochette avec plein de robots roses, mais non. Comme critique, tu peux bien sûr percevoir tout ça comme un concept album, mais quand tu construit l’album, quand tu le composes, tu ne vois jamais les choses ainsi. C’est beaucoup plus subtil. Pour « Oczy Mlody », on a vraiment eu envie d’aller vers ça, vers cette idée du concept album. On a voulu créer un nouveau monde.

« Quand j’ai bossé avec Miley Cyrus, c’était pas pour que les Flaming Lips vendent plus d’albums. C’était uniquement pour faire quelque chose d’intéressant ».

L’album est bourré de petits effets électroniques. On imagine facilement qu’il aurait pu sortir chez Warp. Aurait, car cela fait bientôt trente ans que vous êtes chez Warner Bros. Quels sont vos liens avec le label ?

Depuis 1990 en effet, soit 27 ans. C’est pas forcément habituel dans le milieu, cette fidélité. Les personnes qui nous ont signé à l’époque étaient adorables. Elles le sont encore aujourd’hui, sauf qu’elles ne travaillent plus chez Warner Bros évidemment. Quand on a signé, personne ne nous a demandé de changer pour faire de nous des stars. C’était très simple, ils adoraient notre musique, ils savaient qu’on cherchait un label, et ils nous ont proposé de les rejoindre. Fin de l’histoire. On ne nous a jamais imposés quoi que ce soit. Plus tard, ils nous ont ponctuellement proposé plus d’aide, de soutien, ou encore de plus gros producteurs. Si on répondait par la négative, on restait libres. Ceci étant dit, on a surtout été assez chanceux d’avoir suffisamment de succès pour enchaîner les albums, et rester chez Warner. Tout ça sans jamais essayé d’être plus commerciaux ou de faire plus d’argent. Bien sûr qu’on a et qu’on avait besoin de Warner, mais pas à n’importe quel prix. Nos rapports sont parfaits. Si on veut plus de soutien, ils nous en donnent. Si on n’en veut pas, il respecte ça. C’est une liberté incroyable. Quand on a sorti « Zaireeka », par exemple, ils nous ont suivis. C’était pourtant un projet dingue et commercialement nul (NDLR : « Zaireeka » était un coffret de 4 cd conçus pour être joués simultanément sur 4 platines différentes. Super pratique ! Ndr). A mon avis, on a la relation groupe-label idéale. Mais la plupart des groupes ne veulent pas ça. Ce qu’ils souhaitent, c’est signer sur un label à tout prix. C’est souvent pour ça que les labels disent ensuite « On va faire de vous des rock-stars. Et si vous ne l’êtes pas dans deux ans, ce sera votre faute. ». Dans ce cas, tout se fait dans la panique et dans la pression.

L’industrie musicale a énormément changé depuis vos débuts. Vous avez tout connu. A une période, vous étiez presque devenus mainstream avec « The Soft bulletin » et « Yoshimi ». Comment avez vous-vécu la crise de l’industrie musicale ? Je crois qu’elle est arrivée peu de temps après votre climax. Tu la voyais venir ?

Tu sais, je crois que pour nous, ça n’a jamais marché aussi bien que maintenant. Je veux dire par là qu’on n’a jamais vendu 10 millions d’albums. Quand ça t’arrivait dans les 90’s, tu pouvais vraiment partir en vrille derrière. Regarde les Smashing Pumpkins. Ca n’a jamais été notre cas. On s’est toujours foutus du nombre de personnes qui nous écoutait. Ce qui était cool, c’était de sortir de bons d’albums, d’avoir du monde à nos concerts, de sentir leur soutien. Hors de question de vouloir devenir ultra-populaires. Mais on s’est jamais battus non plus pour être le plus underground possible. Je suis sûr que certains entendent parfois notre musique, l’apprécient, sans même savoir qui nous sommes. Quand j’ai bossé avec Miley Cyrus, ce n’était pas pour que Flaming Lips vendent plus d’albums. C’était uniquement pour faire quelque chose d’intéressant. C’est la seule façon d’évoluer et de grandir : se nourrir de choses nouvelles, intéressantes. Quand un groupe s’ennuie, il commence à se détruire de l’intérieur. Ce qui te tue, c’est la pression, le business, les ventes. Pour te sauver, il faut rester libres, ouverts à l’expérimentation. Tout ce qui fait de toi un artiste. 

« A un moment, on joue « Yoshimi battles the pink robots » et bordel, tout le public commence à chanter notre morceau. Enfin, c’est ce qu’on pensait. On s’est rendus compte au bout de quelques dizaines de secondes qu’il chantait  un morceau de Coldplay ».

Vous êtes aussi réputés pour vos concerts spectaculaires. Vous avez prévu quelque chose de spécial pour cette tournée ?

Ca ne va pas être facile de se renouveler mais on va essayer. Pas sûr qu’on jette de gros ballons roses sur la foule cette fois. Tu me dis spectaculaire, mais en tournée, je vois ça tous les soirs puisque je suis sur scène. Tous nos effets me semblent normaux, pas incroyables. On a parfois joué dans des festivals, dans ce cas on faisait seulement 1h-1h10 de show. Là, on balançait tout en peu de temps. J’imagine que les gens qui voyaient ça devaient nous prendre pour des fous furieux. Quand on joue 2h, c’est plus équilibré, plus cohérent. Tout ce show, ces effets, c’est pas pour le public, c’est avant tout pour nous, parce qu’on a besoin de ressentir de l’excitation, de la nouveauté, et du plaisir à jouer. La musique est un mystère. Je me souviens qu’on a ouvert pour Coldplay il y a une dizaine d’années. A Paris notamment. Dans des stades énormes avec 70 000 personnes. On n’était pas super familier avec leur musique. A un moment, on joue « Yoshimi battles the pink robots » et bordel, tout le public commence à chanter notre morceau. Enfin, c’est ce qu’on pensait. On s’est rendus compte au bout de quelques dizaines de secondes qu’il chantait un morceau de Coldplay. Ils en avaient tellement marre de nous entendre jouer qu’ils s’étaient mis à chanter un morceau de Coldplay !

Malgré cette expérience « tragique », vous continuez à faire des premières parties pour des gros groupes.

Oui, parce que ça fait partie du truc. Et puis, on ne se prend pas pour des rock-stars, on n’a pas forcément envie de cartonner dans le monde entier. Si ça arrivait, cela en serait fini de notre liberté. Donc on le fait encore, particulièrement pour des groupes qu’on admire. Mais pas si souvent au final, car peu de groupes nous le demande. On l’a par exemple fait il y a quelques années pour Tame Impala. Et crois-moi, au concert, plein de gens ne savaient absolument pas qui nous étions. On avait joué une heure et demie. C’était une belle soirée.

Parle-moi un peu de cette pochette. Pour une fois, tu n’en es pas l’auteur.

C’est vrai que j’ai conçu pas mal de nos pochettes. Cette fois, c’est différent. On avait vraiment une idée assez précise de ce qu’on voulait depuis un moment, on l’imaginait assez bien. Et puis je suis tombé sur un compte Instagram (Note : Wayne sort son smartphone et cherche le compte pour me le montrer) d’un garçon. Le compte était bourrée d’images, il y avait même des pochettes de Tame Impala. . Je pensais que c’était juste des photos, des images attrapées ici et là. Quand je suis tombé sur l’image qui allait devenir notre pochette, j’étais persuadé que c’était la pochette d’un album existant. Aucun de mes amis ne connaissant l’album en question, j’ai fini par interroger le titulaire du compte Instagram. Qui était en fait l’auteur de toutes les illustrations du compte. Le mec avait aussi fait des pochettes pour Tame Impala ! C’est parti comme ça. J’ai fini par être convaincu que c’est lui qui devait faire notre pochette. On a été chanceux sur ce coup-là .

Parlons d’autre chose : le monde de la musique a énormément changé cette année, et la grande faucheuse a frappé. Bowie, Prince, Leonard Cohen, etc.

Prince est probablement le seul dont le décès nous a étonné. On savait Bowie malade depuis longtemps, et Cohen avait 82 ans, donc…Prince, ça nous a vraiment choqués. En concert, tu le voyais, il courait encore comme un lutin freak. Et maintenant, il est mort. What the fuck ?

Tu écoutais encore sa musique, ses productions les plus récentes ?

Pas tellement, non.

J’ai l’impression que plus grand monde ne l’écoutait, finalement.

Il vivait vraiment dans son monde. Et ne laissait pas beaucoup les autres pénétrer ce monde. C’est Prince, il faisait ce qu’il voulait, quand il voulait. J’adorais ce type. Il a été super important pour moi  plus jeune. Je ne pense pas qu’il soit mort à cause des drogues.

Peut-être a-t-il découvert l' »Oczy Mlody » ?

(Rires) J’aurais adoré qu’on l’a découvre ensemble. Ca aurait été énorme de partager cette drogue imaginaire qui ne te procure que des bonnes choses et met de côté les mauvaises.

En parlant de drogues… Par le passé, vous avez sorti des albums cover des Pink Floyd ou de Stone Roses.

Oui. On avait aussi fait « Sgt Pepper’s… » des Beatles. A chaque fois, on avait du temps à meubler. Souvent en studio. J’entendais un morceau et je me disais : « essayons donc de reprendre ça. Faire des reprises, c’est très rapide. Tu n’as pas de mélodies à trouver, pas de paroles à écrire ». Tu enregistres, c’est tout. Donc c’est simple. A chaque fois, j’ai choisi de la musique que j’avais avec moi, dans le studio. Pour les Stone Roses, on l’a fait parce que j’aime vraiment beaucoup cet album. La plupart des groupes qui nous ont aidé là-dessus ne connaissaient même pas le groupe. Ensuite je l’ai envoyé à quelques amis, certains l’ont mis en ligne et voilà comment un projet sans importance se retrouve diffuse sans que tu t’en rendes vraiment compte. Au départ, je faisais vraiment ça pour moi. J’avais juste fait pressé 200 copies pour mes potes. Rien de plus.
Pour Pink Floyd, c’était encore différent. Ca devait juste être une face B pour Itunes. Pas un album. Un morceau bonus si t’achetais notre album. Et puis, plein de gens l’ont aimé, même chez Warner Bros. Pink Floyd nous a donné l’autorisation, alors on est allés jusqu’au bout. On a enregistré tout l’album. Pour « Sgt pepper’s… », c’est aussi arrivé par hasard. Lors d’une célébration aux Etats-unis, quelqu’un a demandé à Sean Lennon de reprendre Lucy in the Sky with Diamonds. Et Sean ne veut évidemment pas faire ça. Alors il nous en a parlé parce qu’on avait déjà travaillé ensemble par le passé. On l’adore, et ça s’est fait. On a complètement réarrangé le titre avec plein d’effets électroniques bizarres.

Comment en êtes-vous arrivé à faire tout l’album au final ?

Quand j’ai travaillé pour Miley Cyrus, on disposait d’une seule journée en studio pour enregistrer. On avait fait la fête la veille et personne ne s’est pointé au studio avant 4h de l’après-midi. Autant dire qu’il nous restait peu de temps pour enregistrer. Je suis venu avec trois ou quatre musiques à lui proposer, et l’une était cette interprétation de Lucy in the sky with diamonds. Je lui ai demandé si elle connaissait ce morceau, ce qui était évidemment le cas. On a fait une seule prise. On a enregistré la musique, puis elle a chanté. Et bam, c’était fait. On était sous le choc, je crois, on s’attendait pas à ça. Dave Friedmann qui était là nous a dit que c’était vraiment très bon. Ceux qui l’ont entendu ensuite aussi. Et l’idée de faire tout l’album a fini par germer. On n’était pas parti là-dessus mais nos amis, nos connaissances nous ont poussé vers ça, et nous y sommes volontiers allés. Le hasard, encore. On n’a jamais prémédité de faire ce titre avec Miley pour sortir ce disque derrière.

Ca ne t’a pas paru trop bizarre, qu’on te propose de travailler avec elle ?

C’était une surprise, bien sûr. Mais pas bizarre, non. C’était une sorte de rencontre entre une forme pas vraiment underground et une forme pas vraiment mainstream. Même si on ne l’a vraiment pas vécu comme ça. Miley vient d’une famille de musiciens. Billy Ray Cyrus est un grand grand amateur de musique, ce n’est pas vraiment étonnant qu’elle soit aussi douée. Et aussi freak… Au final, ce qu’on a fait ne ressemble ni à un morceau de Miley Cyrus, ni à un morceau des Flaming Lips. C’est une nouvelle expérience.

FLAMING LIPS // Oczy Mlody // Sortie le 13 janvier chez Bella Union
www.flaminglips.com

ALPES, HYPERCULTE & TURZI ELECTRONIQUE EXPERIENCE LE 21 JANVIER A LA MAROQUINERIE


ADRIEN SOLEIMAN, JULIEN GASC & DODI EL SHERBINI LE 18 FEVRIER A LA MAROQUINERIE

THURSTON MOORE & LE VOLUME COURBE LE 11 MARS A LA MAROQUINERIE

Promenons-nous dans le sous-bois de la folk anglaise avec Comus

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Inspiré du personnage de John Milton du même nom – un sorcier/ satyre opprimant les vierges égarées dans les futaies -, le groupe Comus brasse dans son premier album « First Utterance » (1971) des thèmes aussi scabreux que la folie, la corruption, le viol, le paganisme et le meurtre, avec pour effets corollaires de faire un flop total à sa sortie et de devenir culte au fil des ans, grâce notamment aux hérauts du death-metal progressif suédois d’Opeth, dont le chanteur n’aura de cesse de revendiquer l’influence majeure des précurseurs du « wyrd folk ».

Entité paillarde aux pouvoirs occultes

Les guitaristes Roger Wootton et Glenn Goring font connaissance en 1967 au Ravensbourne College of Art dans le Kent. Ils partagent une passion pour le folk baroque de Bert Jansch et John Renbourn ainsi que pour les dissonances et la perversité du Velvet Underground. Deux influences antithétiques dont ils ambitionnent de réaliser la synthèse : une musique à la fois ancrée dans une tradition folk, mais d’une radicalité avant-gardiste, aussi bien hiératique que débauchée, d’une grande exigence formelle, mais s’accordant des privautés avec l’harmonie ;  à la fois terriblement sérieuse et diablement grotesque ; ampoulée et brute.

Un projet esthétique qui va se concrétiser avec l’inclusion d’un violoniste, d’un bassiste et d’une voix haut-perchée en les personnes respectivement de Colin Pearson, Andy Hellmann et Bobbie Watson. Le premier est un confrère de Ravensbourne. Le second est repéré au Beckenham Arts Lab, un club dont l’organisateur n’est autre que… David Bowie, et dans lequel Wootton et Goring se produisent régulièrement. La troisième n’a que 16 ans quand un ami la présente aux membres du groupe, avec lesquels elle emménage dans la foulée. Une petite annonce placée dans le Melody Maker apporte au groupe son sixième et dernier membre, le flûtiste Michael Bammi Rose. Peu impliqué, celui-ci sera remplacé par Rob Young, un ami de Colin et Bobbie, avant l’enregistrement du premier album.

Le nom du groupe est suggéré par son futur manager Chris Youle, un autre colocataire de Ravensbourne versé dans la littérature. C’est la référence parfaite. Une entité paillarde aux pouvoirs occultes, allégorie des pulsions bestiales d’une nature obscène enracinées dans notre inconscient.

Et c’est la parfaite illustration de couverture. comus 250 3Une créature fuligineuse au corps noueux et au faciès mutant, mi-gorille, mi-frère Bogdanov, les côtes décharnées mais les bras saillants de vigueur fiévreuse, étendue dans une attitude convulsive évoquant une jouissance étanchée dans les pires douleurs, haletant comme après une lutte, une larme au coin de l’œil dont on ne sait si elle traduit la culpabilité et la certitude de la damnation ou si elle conclut des quintes de rires carnassiers. En soi, cette peinture de Roger Wootton est déjà une œuvre en puissance. Elle dégage des vibrations malsaines, propres à niquer le Feng-Shui de n’importe quel salon.

Après plusieurs dates au Beckenham Arts Lab, puis à Londres en première partie de Bowie qui cartonne alors avec « Space Oddity »,  Comus entre en studio sous l’égide d’abord de RCA, qui lâche les musiciens en cours d’enregistrement, puis de Pye qui met à leur disposition ses studios d’Edgware Road à Londres. L’album parait dans l’indifférence générale courant 1971. Le label n’y consacre aucune promotion. Comment promeut-on une œuvre traitant de magie noire, de claustration, de torture, de viol, quand on est l’écurie de Petula Clark, Sandie Shaw et Status Quo ? Même au début des années 70, l’affaire ne va pas de soi. Certes, Pye, c’est aussi Donovan et les Kinks, mais c’est une subversion plus légère, qui n’a rien à voir avec la morbidité foncière de Comus. À cela viennent encore s’ajouter des problèmes de distribution, et un pressage limité qui a fait du vinyle original un trésor convoité avec le temps et les réévaluations.

Subornation complète du terroir

Dès les premières mesures du morceau d’ouverture, le single Diana, l’auditeur sait qu’il est sur quelque chose de particulier. Un violon sinueux suggère d’emblée la traque et la fourberie, confirmée par un premier couplet chanté d’une voix bêlante « Lust he follows virtue close, through the steeeeeaming woooooodlands / His darkened blood through bulging veins, through the steeeeeaming wooooooooooodlands. » ponctué par un chœur lancinant tout droit sorti d’une de ces cérémonies d’antan dans lesquelles des protagonistes vêtus de masques d’animaux batifolaient en regardant calciner  la vierge propitiatoire.

« La la la la la, la la la la la » fredonne la proie ingénument, sans prêter attention à des avertissements qui se font de plus en plus pressants : « Diana Diana kick your feet up / Lust bares his teeth and whines / For he’s picked up the scent of virtue / And he knows the panic signs. » En vain. La bête s’emballe sur un staccato impromptu. Il est déjà trop tard. La course s’engage, dans une frénésie de bongos et un crescendo de vociférations. « Luuuuust cries  running with his eeeeeeyes the white-clad figure fleeting / Mud burns his eyes but desire burns his mind / Fear in her eyes as the forest grins through the steaming woodlands / Lust now his soul destroyed with enmity disarmed. ». L’ambition est posée. Les moyens, étalés. Tous les tics du folk-rock et folk-prog de l’époque seront dévoyés en une farce sinistre: roulements des « r » outranciers, élocution agricole, roucoulades de vestale, pratique des bongos et autres tambourins, usage des flûtiaux, emploi de gammes médiévales, giclées de crincrin, vocabulaire de grimoire – le tout exacerbé par une interprétation dont l’intensité confine à la démence, aboutissant à une subornation complète du terroir, au bad trip vicelard d’un Jean-Pierre Pernaut défoncé au peyotl.

Un interlude élégiaque de douze minutes vient permettre à l’auditeur de reprendre ses esprits. C’est The Herald, épopée acoustique formidablement évocatoire, dans laquelle Goring se fait fort d’émuler ses modèles du Pentangle – et touche au sublime avec un solo lyrique, dévotieux. Bobbie Watson y vocalise d’une voix prodigieusement haute et Pearson agrémente le voyage de ruminations orageuses.

L’horreur fait son retour au troisième sillon avec Drip, Drip. Ce qui dégoutte là-dedans, on s’en doute, n’est pas le lait de la tendresse humaine sur les riantes prairies. Drip, Drip, c’est le cœur putréfié du programme ; la clé de voûte biscornue de la crypte. Soit un cabotinage maniaque, enchevêtré dans un fatras de sonorités tortueuses, disloquées, versant dans des stridences éprouvantes, aboutissant à une parade nuptiale hystérique. « Yea, shall I cut you down / Yes ‘twould be a last physical communion / I’ll be gentle I’ll be gentle I’ll be gentle I’ll be gentle I’ll be gentle / And not hurt you and not hurt you / And not hurt you na-na-na-na-na-na-na-na. »

Song To Comus fait débuter la deuxième face de la plus pastorale des manières : contrepoints de guitare enchanteurs, flûte cabriolante, intonations guillerettes. « Bright the sunlight summer day / Comus wakes he starts to play / Virgin fair smiles so sweet / Comus’ heart begins to beat / Rise up Comus, sing your song / Bewitch the maiden the day is long ».

Le bonheur serait-il dans le pré ? Comus troquerait-il la déglingue pour les églogues ? Loin s’en faut. Le naturel revient sur un galop de flûte. Foin de gambades, sus aux pucelles… Soudain Wootton fulmine comme un faune en rut. Rob Young convoque les derviches tourneurs. Et Pearson fait crisser son violon comme une griffe sur un vitrail.

The Bite maintient un rythme de bacchanale effrénée pendant cinq minutes et demie, le temps de solder les comptes avec la chrétienté dans une atmosphère délurée de gigue païenne. Un instrumental aux palpitations sinistres s’ensuit (Bitten), puis ce sont les emperlements d’arpèges de guitare de The Prisoner, badinerie psychiatrique s’achevant dans une frénésie de hurlements soldant l’héritage du disque : « INSANE ! INSANE ! INSANE ! INSANE ! INSANE ! INSANE ! INSANE ! »

Sortie de coma

Malgré l’insuccès de son opéra-bouffe satanique, Comus travaille dans un premier temps sur un deuxième album dans la même veine noire que son « premier énoncé ». Mais les désistements de Rob Young d’abord, puis du producteur  Chris Youle, signent la mort du projet. Comus est dissous en 1972. Il ne subsistera malheureusement de cette entreprise qu’un enregistrement live d’une pièce magistrale intitulée « The Malgaard Suite ».

En 1974, Wootton, Watson et Hellaby reforment le groupe avec de nouveaux musiciens (dont Didier Malherbe de Gong) pour enregistrer un album d’obédience glam-prog, « To Keep From Crying ». Anecdotique, l’affaire est classée sans suite… Jusqu’à 2008. Poussé au cul par des programmateurs proches des gens d’Opeth, Glenn Goring entreprend de recontacter ses anciens camarades de la première incarnation de Comus. Tous répondent à l’appel, hormis Rob Young, qui est remplacé au pied levé par le mari de Bobbie Watson, Jon Seagrott. Le groupe ainsi reformé donne une série de concerts triomphaux qui l’incitent à plancher sur un troisième album.

« Out Of The Coma » paraît en 2012. C’est un retour au freak-folk outrancier des origines. Un « Second Utterance ? » Pas tout à fait. Pour commencer, la voix de Wootton a changé avec les années, et les béguètements hallucinés qui faisaient le sel du premier album se sont mués en des grognements rauques, beaucoup moins jubilatoires hélas. L’adjonction d’un saxophone peut aussi déconcerter à première écoute. Et puis l’album est court : trois morceaux originaux seulement, avec en bonus la fameuse Malgaard Suite captée lors d’un concert de 1972, dont il y a lieu malheureusement de regretter la qualité sonore, d’autant plus que ce qu’on en distingue est exceptionnel. C’est néanmoins une réussite, de la part d’un groupe que plus personne n’attendait. Les compositions restent fortes ; elles sont exécutées avec une maîtrise non-démentie par le poids des ans.

Et depuis ? La bête semble avoir regagné sa tanière. Tapie dans l’ombre, elle attend. « And somewhere in the black distance / Another herald puts down his flute / And the dewy dawn creeps on /And the night withdraws »…

 

TRISTESSE CONTEMPORAINE Encore un truc que Ouï FM ne diffusera jamais

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La recette utilisée par Tristesse Contemporaine est plutôt simple et efficace. Deux-trois accords de guitares, des nappes de synthés qui créent une atmosphère sombre, une batterie à la limite de la boîte à rythme, un peu de reverb et le tour est joué. À mi-chemin entre le rock à l’ancienne (Let’s Go) et des morceaux conçus pour le dancefloor (Dem Roc), le groupe alterne entre chansons qui donnent tantôt envie de sortir de chez soi et de tout casser (Know My Name) et tantôt envie de rester chez soi pour se barricader du monde extérieur (No Hope).

On entend par exemple que « vous devez prendre conscience de ce que vous avez pour obtenir ce que vous voulez » (Get What You Want), que chaque jour de notre existence relève du mystère et de l’inconnu (Everyday) et que toutes les filles sont parties on ne sait pas trop où (Girls). Un programme qui ne respire pas franchement la joie de vivre, entre nous. Mais toute la force de Tristesse Contemporaine est de réussir à faire dandiner son public sur des chansons funestes. Et c’est ce qui fait toute l’identité du groupe : proposer un blues moderne diablement fédérateur.

Tristesse Contemporaine // Start & Stop // Record Makers (Sortie le 20 Janvier)
En concert à la Boule Noire le 17 février

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Ricky et les dix-iples ou l’armée des dix bricoleurs

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On le croyait normalisé, bien dans sa trentaine en coton et revenu des mélodies de poche composées dans un deux-pièces, c’est raté. Ricky Hollywood, hier le plus bel espoir de la France des artisans, revient au bidouillage deluxe avec une grosse clef de douze. Enfin, de dix. Puisque c’est le nombre de musiciens présents sur ce disque accidentel.

Reprenons l’histoire par le début. La salle du Confort Moderne, à Poitiers, a décidé d’inviter l’ex-batteur de La Féline (et aussi ex Poster Moderne), désormais reconverti à son compte, à enregistrer un disque en cinq jours et cinq nuits, dans le cadre de leur programme Rencontre du Troisième Type. Comme si cet exercice n’était pas déjà en soi un exploit, il fut également proposer à Ricky Hollywood de recruter son backing-band parmi des dizaines de musiciens amateurs ayant candidaté pour cela et retenus par le musicien aux quarante kilos tous mouillés en fonction de critères comme la motivation, les origines géographiques ou encore le niveau de maitrise de leurs instruments. Le résultat de ce casting qui aurait pu tout aussi bien ressembler à un reboot de Loft Story se nomme « Ricky et les dix-iples ». Et, croyez-le ou pas, mais cinq titres (et un documentaire, à regarder plus bas) Ricky et ses guérilleros ont réussi à produire une espèce d’étrangeté à la fois poétique, légère et surtout : enfantine.

Dream Team

Si le terme enfantin est ici important, c’est non seulement parce que les derniers essais de Ricky Hollywood laissaient à penser qu’il était un peu rentré dans le rang (le pénible et trop rose L’amour peut-être, hit des plages Télérama 2014) ; voire avait fini par admettre que son songwriting brûlé au quatrième degré, entre vraie écriture dada et déconne innocente, ne suffirait pas à fédérer une foule assez grande pour remplir une rame de métro. Mais voilà, « Ricky et les dix-iples » est une claque, une vraie surprise. En se faisant remettre les clefs d’un château (oui, un château) au parfum Ricoré pendant moins d’une semaine, Ricky et son attelage improvisé, composé de personnes d’horizons et d’univers radicalement différents, sont parvenus à écrire from scratch trois merveilleux morceaux où l’âme de feu Pierre Barouh semble s’être allié au meilleur de Philippe Katerine. Rajoutez deux remix cosmiques (par Astrobal et Pointe du Lac) et l’aide de Benjamin Glibert (Aquaserge) et Maud Nadal (Halo Maud) et vous obtenez cette opération commando préparée dans ce qui pourrait bien ressembler à des sessions au château d’Hérouville en 1974.

Ricky et les dix-fférences

Si le mini-album, forcément signé chez La Souterraine, se démarque tant des autres productions, c’est que tout y est dit avec précision en un temps minimum. Les morceaux composés à l’arrache puent le bonheur, la fête et la joie ; sans jamais verser dans l’angélisme qui gâche tant de morceaux aplatis au fer à repasser par des directeurs artistiques aussi visionnaires que Gilbert Montagné dans un train fantôme. Matin et ses chœurs à la samba si Saravah, fait furieusement penser au « Nino and Radiah » de Nino Ferrer, pour son côté champêtre qui donnera à celui qui l’écoute l’envie de fumer tout le gazon présent à deux pas du studio. La grande réconciliation, cette tentative de reggae mid-tempo (lapsus), évoque La Marseillaise de Gainsbourg à la sauce Aquaserge ; avec le petit pas arythmique qui donne au morceau un air de tube aquatique. En gros, autant pour les fans de Bob Marley que pour les amateurs de pisciculture ; voyez comme ça donne envie d’écouter. Enfin, Danse dans le cosmos s’écoute comme un indescriptible gimmick boogie-disco plaqué sur ce qui ressemblerait à de la chanson française si elle était jouée par des batteurs de funk avec solo de guitare abusé. Mention spéciale à la conclusion du poète Ricky, finalement toujours un peu perdu sur sa planète : « Salut les petits chats, je voulais vous annoncer une bonne nouvelle : on va tous aller danser dans le cosmos. » Parfait.

Ricky Hollywood : le film

Bien plus abouti que « Forever Le Bon Coin [1] », en ce sens qu’il apparaît plus construit dans un format chanson, l’enregistrement de « Ricky et les dix-iples » a également été filmé. Et c’est précisément là qu’on touche au chef-d’œuvre. Après avoir écouté cet instant de perfection d’une durée de 24 minutes, découvrir les coulisses de l’enregistrement et tout l’amateurisme (au sens noble), devient subitement surréaliste. Après une introduction digne du générique de Châteauvallon, le mini-film de François-Xavier Richard laisse entrevoir des séquences d’une simplicité touchante ; au hasard Ricky conduisant les séances avec sa légendaire modestie coupable, ou encore des séances de débriefing improvisé sur une terrasse avec café, croissants et T-shirts pas repassés; chacun apparaissant alors à son désavantage (et donc, paradoxalement : au plus juste de ce qu’il est). À mille lieux des storytelling factices tels que la pop les vend désormais par paquet de douze (merde, de dix), et tellement vrai qu’il en devient presque difficile de le décrire. Dans la dernière scène du film Ricky et les dix-iples, Ricky finalise en extérieur avec son groupe de travail les chœurs de La réconciliation. Satisfait du résultat, il hoche la tête avec la main appuyée sur une table de ping pong. Rien d’autre que ce moment ne pourrait mieux illustrer ce nouvel Hollywood.

Ricky et les dix-iples chez La Souterraine
souterraine.biz

[1] Lui aussi composé à l’invitation du Confort Moderne, dans le cadre de son programme À la rencontre du troisième type.

TOUT TOUT U2

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Se taper chacun de leurs treize albums dans l’ordre (pas question d’y ajouter lives et compilations, je ne suis qu’un humain) équivaut à 667 minutes, soit 11 heures et 67 secondes. À cause du travail, il a fallu attendre un dimanche de janvier, celui de l’épiphanie (foutu ironie) pour que je subisse ma punition. L’intégrale est téléchargée illégalement parce que s’il y a bien quelqu’un à qui je me fous de filer du blé, c’est Bono. Je m’interdis la moindre pause et l’utilisation d’Internet. En pyjama dans mon lit, juste un carnet de notes, Windows Media Player et U2. Comme il fait -5 dehors et que ma vie est nulle, je me dis que ce marathon va pas être si horrible. J’ai à la fois tort et raison.

PHOTO 1

12h Face au titre et à la pochette de « Boy », je me dis qu’il faudrait pas que je me fasse choper pour téléchargement de contenu pédophile.

12h08 Au moins, je n’aurais pas à écouter l’ignoble An Cat Dubh si j’étais en prison. Bono est le pire imitateur de Robert Smith au monde.

12h17 Out of Control. Comme l’impression d’assister à la répét du groupe de mon cousin à la maison de quartier du coin. S’il me demande des retours, je lui dirais que : « Le guitariste est pas trop mal mais qu’il faut virer le chanteur parce qu’il en fait des caisses. »

12h28 Quand tu fais tourner le micro-onde en écoutant A Day Without Me, t’es déjà un meilleur producteur que Steve Lillywhite.

12h36 L’impression d’entendre le même morceau depuis une demi-heure, c’est long. Une longue intro où chaque instrument fait son malin, de longs couplets où Bono fait son malin, un solo noyé sous des nappes d’effets où The Edge arrive parfois à être malin et puis tout recommence jusqu’à un interminable fondu de fin. T’as les cinq minutes de Shadows And Tall Tress qui démarrent que t’as déjà fini ton hachis parmentier.

12h43 Alors « Boy », dans le meilleur des cas, c’était du mauvais Television et dans le pire, du mauvais Cure. À la fin du déjeuner, j’enchaîne avec « October » et, déjà, les coupes de cheveux sur la pochette, ça va pas être possible. Filez-vite un bonnet à The Edge !

12h44 Gloria, cool une reprise de Them ! Ah non, ce sont juste les égosillements d’un enfant de chœur en pleine castration. Avec un refrain en latin ! L’enfer.

12h57 Rejoice. Au moment où The Edge trouve le son caractéristique de U2, Bono est en pleine schizophrénie et tente un millier de choses à la fois. Jamais je l’avais entendu chanter aussi n’importe comment (un peu comme la formulation de cette phrase, note de l’éditeur). Parfois il se croit dans un stade, parfois il te murmure à l’oreille, souvent il te les casse. Cet homme est intenable, qu’on lui prescrive d’urgence de la Ritaline.

13h05 L’instrumental October, on dirait le générique d’un soap mais au moins, pas de Bono à signaler pendant deux douces minutes.

13h07 Je le paye très vite, parce que revoilà l’excité qui crie Jerusalem. Neuf fois.

13h16 Les quatre dernières pistes tournent dans le vide alors que je m’inquiète d’une fissure dans le plafond.

13h20 « War » débute donc sans que je m’en aperçoive et j’ai pas honte de dire que ça fait un bien fou d’entendre Sunday Bloody Sunday. Un bon vieux tube qui fait remonter des souvenirs du cours d’anglais en 5ème, quand ta prof te sensibilisait mollement au mouvement d’indépendance irlandaise.

13h27 Même effet avec New Year’s Day qui me rappelle quand j’avais huit ans parce que leur best-of était la seule K7 dans la voiture de mon père. Même que le premier DVD que j’ai vu, c’était un de leurs concerts. Par contre, j’avais oublié que le morceau durait 5 minutes 36 alors que 3 auraient suffi.

13h33 L’intro de Like A Song… « Écoute Larry, notre album, il dénonce la guerre alors j’aimerais bien que ta batterie, elle sonne comme la guerre, tu piges ? »

13h38 Drowning Man. Mais qui a le temps d’écouter une ballade quand c’est la GUERRE ?!!

13h42 The Refugee. Et après tu t’étonnes du score de Marine.

14h03 En fait, « War » il sert à rien comme album parce que dessus, t’as juste deux trois tubes déjà sur les best-of mais les best-of ça sert à rien car t’en peux plus d’avoir entendu les deux trois tubes sur RTL2 et Super U. Du coup, tu passes à « The Unforgettable Fire » (le feu que l’on n’oublie pas, titre bien pompeux), enregistré dans un château, avec le château en question sur la pochette et un duo d’as à la prod, messieurs Brian Eno et Daniel Lanois. Ça promet d’envoyer du lourd.

14h12 Et ça tient ses promesses : cinq minutes d’intro super lourdes suivies de Pride (In The Name of Love), un tube super lourd. Il est vraiment trop tôt pour boire ?

14h15 J’ai bien aimé l’intro bizarre de Wire qui ressemblait presque à du Wire. Jusqu’à ce que vous-savez-qui se pointe.

14h24 Le traditionnel instrumental de milieu d’album est devenu l’oasis dans lequel je panse mes blessures. Sauf que là, 4th of July, c’est juste Brian Eno qui se branle. Après, c’est Bad qui est une bonne ballade de Coldplay mais qui dure six minutes, au secours.

14h36 Les paroles d’Elvis Presley & America sont aussi ridicules que son titre. Bono est le mec insupportable à ton cours d’impro qui veut pas laisser la parole aux autres et délire tout seul pendant SIX PUTAIN DE MINUTES.

14h45 L’album se termine sur une berceuse, histoire de retourner le couteau. Heureusement, je vois de la lumière à l’horizon. « The Joshua Tree », le chef-d’œuvre d’americana vendu par camions entiers, bientôt trentenaire et toujours considéré comme LE classique ! Sur la pochette, Bono ressemble à Alan Rickman dans Harry Potter.

14h47 L’intro de Where The Streets Have No Name est la plus longue du monde. J’imagine que c’est pour faire monter la sauce en concert. J’en peux plus, perso.

14h55 Fun fact sur I Still Haven’t Found What I’m Looking For : cet été, j’étais saisonnier dans un rade de merde où la télé diffusait RFM TV toute la journée. Et je peux dire qu’à force de voir en boucle les clips de Kid United et Claudio Capeo, ça faisait un bien fou de retrouver les quatre Irlandais en train de faire les couillons dans les rues de Las Vegas. Même qu’un soir sans clients, je me suis servi une pinte et que j’ai trinqué avec Bono en le suivant sur le refrain. J’espère que ce ne sera pas le dernier moment de plaisir (coupable ou non) de cette journée pourrie.

15h En plein With or Without You, je repense à la première fois que j’ai embrassé une fille sur la bouche (bal-disco de Tiffauges, 2004) et ça me fait bander. Et j’ai envie de me branler. Et puis je me dis non, je vais quand même pas me branler sur du U2.

15h19 Il a fallu attendre Trip Through Your Wires pour que l’érection disparaisse.

15h44 Au beau milieu du médiocre Spanish Eyes, je réalise que j’ai téléchargé la version deluxe avec une heure de bonus et que je viens, à cause de ma propre connerie, d’ajouter un bon quart d’heure à ma sentence. Déjà que « The Joshua Tree », après les trois-quatre premiers morceaux, c’est tout naze… Si tu veux de la bonne americana eighties, tu fais comme tout le monde et t’écoutes « Nebraska ».

15h47 Le massacre ne faisait que commencer. Parce que la période américaine de U2, c’est aussi un putain de double album, pour de vrai cette fois. « Rattle and Hum » où Bono se croit héritier d’Elvis, Dylan et Robert Johnson mais commence sa démonstration en massacrant les Beatles. Helter Skelter sans la rage, juste mon désespoir.

15h52 Pendant Desire, je pète un câble en sautant sur mon matelas tout en beuglant le refrain avec la voix de Patrick Bruel. Conséquence : je suis épuisé et mon voisin manque d’appeler la police.

16h01 Reprise d’All Along the Watchtower. Mon poster de Dylan me lance un regard accusateur. Je lui réponds : « Te la ramènes pas trop Bob, la même année t’enregistrais Down in the Groove et il a fallu que Bono t’aide à écrire les textes d’Oh Mercy donc bon. »

16h10 Ayé, j’ai trouvé : Freedom For My People est le meilleur titre de U2. Il dure trente-cinq secondes et ce n’est pas Bono qui chante.

16h16 C’est à moitié des compos à moitié du live, alors je suis obligé de me retaper Pride (In the Fucking Name of Love Kill Me Now).

16h33 When Love Comes To Town. Pauvre B.B. King.

16h41 J’invente pas : y a un morceau qui s’appelle God Part II où Lennon se retourne dans sa tombe.

16h45 « Les gars, comme on fait un album concept sur l’Amérique, on a qu’à mettre l’hymne américain joué par Hendrix à Woodstock, ça plaira aux vieux hippies », dit Bono, sans réaliser que ces trente secondes d’extrait en disent plus long sur l’Amérique que les deux derniers albums réunis.

16h53 Un pote m’appelle pour manger la galette. Je peux pas, j’ai U2.

16h56 Et l’un de mes premiers points de rupture de la journée est atteint. Au bout des sept putain de minutes d’All I Want Is You, je ne ressens plus rien et fixe mon chat droit dans les yeux, cherchant un sens à l’existence.

17h Il paraît que « Achtung Baby » est leur meilleur album. Si, j’ai lu ça dans Magic au moment de la réédition ultra-deluxe-définitive. On va voir si ça se tient ou si c’est de la réhabilitation de hipster. J’ai déjà envie de tuer le mec qui a mis de la disto sur la voix de Bono (Lanois ? Eno ? Collabos).

17h07 One. C’était ma préf’ dans la voiture de mon père quand on roulait la nuit en écoutant son best-of. Depuis, 37 reprises de babos sur la plage et de candidats à la Nouvelle Star me l’ont ruinée à jamais.

17h16 Who’s Gonna Ride Your Wild Horses. Encore une fois, les bons plans de The Edge sont annihilés par le cabotinage de son chanteur. Ici à coups de lyrics débiles ponctuées de oooouuuh chalalala.

17h25 The Fly, t’as l’impression d’entrer dans une boite de nuit pas claire où un mec louche déguisé en mouche te tripote.

17h31 Imagine si l’intro de Mysterious Ways était ta sonnerie de portable pour le reste de ta vie. Partage ma douleur.

17h44 Bono. Bonobo. Bobo. Allô maman bobo. Voilà le fond de mes pensées jusqu’à ce que je me mette à crier sans explications et en boucle le titre de l’album en imitant un dictateur connu.

17h50 En train de me dire que Love Is Blindness sonnerait bien à mon enterrement. Achevez-moi.

17h55 Et c’est reparti pour les intro atmosphériques de trois heures ! Les étoiles sur la pochette de « Zooropa » forment une galette et me rappellent que c’est ma première épiphanie sans frangipane. J’ai envie de pleurer.

18h04 Attends, qui chante Numb ? The Edge ? Le délire ! Si j’avais voulu parodier Beck et la vague slacker de 93, j’aurais pas fait mieux. Ça a salement vieilli mais… J’aime bien ?

18h12 Je m’amuse sur mon panneau de configuration à changer la couleur de mes fenêtres.

18h21 Daddy’s Gonna Pay For Your Crashed Car. LOL. Je rêve ou ils sont en train de faire de la dance music ? QUE SE PASSE-T-IL ?

18h22 Non, c’est bon, c’était juste l’intro. Le reste du morceau est juste la même soupe que d’habitude avec un DJ qui bidouille derrière. DJ Eno ?

18h24 Some Days Are Better Than Others. À qui le dis-tu… Même John McClane m’envierait.

18h35 Qu’est-ce qui est pire que Bono ? Bono qui chante aigu sur Dirty Day. L’occasion d’ouvrir la première bière.

18h41 Pauvre Johnny Cash. En entendant The Wanderer, Rick Rubin s’est dit : « Le vieux est sénile, c’est maintenant ou jamais. » Et ça a donné les « American Recordings ».

18h45 À la fin, y’a une alarme, j’ai cru que c’était mon radioréveil et que tout ceci n’était qu’un cauchemar. Mais non, c’est juste Brian Eno qui a trouvé ça drôle. Va te faire foutre Brian.

18h46 Cela dit… Peut-être que c’est la fatigue mais… « Zooropa » est l’album de U2 que j’ai le moins détesté ? Celui où il y a le plus de moments où je me suis dit : « Ah tiens, ouais, pourquoi pas. » Il est bizarre et être bizarre, c’est mieux que médiocre. Dommage que je n’ai pas pu l’apprécier parce qu’il fait déjà nuit et que je viens de me taper du U2 PENDANT SEPT HEURES D’AFFILÉE.

18h48 1997, l’année d’ « Ok Computer », des Spice Girls et de « POP ». Qui fut un bon gros flop si mes souvenirs sont bons. Hâte de subir ça ! Allez, en route pour la Discotheque !

19h02 Mofo pour le coup, c’est de l’eurodance, de la vraie ! U2 est dans la place ! Yolo les djeuns ! Très bon morceau si vous êtes un agriculteur qui veut stopper net une rave party.

19h05 Je ne comprends pas comment on peut enchaîner trois morceaux vaguement dansants, vaguement électro, avec une liturgie geignarde comme If God Will Send His Angels dont même Elton John aurait pas voulu pour pleurer la mort de Diana. La seule cohérence d’ensemble ? C’est de la daube.

19h09 Staring At the Sun. JE PEUX PAS ! IL FAIT NUIT BANDE D’ENFOIRÉS ! Quand je pense que je suis en train de louper Hanouna pour cette parodie d’Oasis avec quatre ans de retard.

19h22 Le saviez-vous ? Miami, la pire ville des États-Unis, est également la pire chanson de U2. Je préférerais réentendre trois fois Gloria plutôt que subir cette purge. Deuxième bière.

19h27 Dans The Playboy Mansion, Bono se demande ce qu’il doit faire pour passer les portes de la villa Playboy. Au même moment, Hugh Heffner ordonne à sa sécurité de rester sur le qui-vive.

19h32 Vous vous souvenez quand j’ai dit que Miami était la pire chanson de U2 ? Je vous présente If You Wear That Velvet Dress.

19h37 Je vous présente Please. La compétition est de plus en plus rude.

19h42 Wake Up Dead Man. Même le refrain a de la peine pour moi. T’inquiètes Bono, je me lève, j’ai des fourmis dans tout le corps et besoin de frapper un mur.

19h48 J’entends les casseroles du voisin mais je n’ai pas faim, l’un des premiers signes de dépression. Après m’être dégourdi les jambes, je me recroqueville en position du fœtus et pleure pendant que Beautiful Day tourne dans le vide de mon existence.

19h53 « ALL THAT YOU CAN’T LEAVE BEHIND », c’est l’album du comeback ! L’album qui a pansé les plaies du nouveau millénaire ! Eno et Lanois aux commandes, à l’ancienne ! Bono qui active enfin son look lunettes noires ! Un trio de tubes d’emblée, bande-son de toutes les comédies romantiques sorties en 2000-2001 ! Tout en sirotant la troisième bière, j’essaye de roter en rythme avec les « wouuuouou » d’Elevation.

20h05 Kite. Sur mon carnet, je dessine un portrait de Bono étranglé par un cerf-volant.

20h13 Wild Honey. Dans tout ce marasme pop-rock FM, je n’entends même plus la basse de Clayton. Est-ce parce qu’elle est sous-mixée ou que toute cette merde m’a rendu sourd ?

20h24 Au beau milieu de When I Look At The World et de ma quatrième bière, je verse une larme car tout se mêle en moi : la Syrie, Fillon, Trump, l’insoutenable légèreté de l’être, le hachis parmentier de ce midi.

20h27 Les choses prennent un tournant encore plus sombre pendant New York. Par association d’idées mêlant l’aéroport de la pochette et le thème de la chanson, je me dis que, le 11 septembre, il y a forcément un passager qui écoutait U2 au moment où les terroristes ont pris l’avion en otage. Peut-être même Beautiful Day.

20h32 Nouvelle association d’idées à l’écoute de Grace qui me permet de résoudre un mystère. Bono chante que Grace est un nom parfait pour une petite fille mais aussi un mot qui peut changer le monde et à force de l’entendre débiter ses conneries mystiques et de voir des gosses sur les pochettes, je suis convaincu qu’il s’agit en vérité d’un prêtre catholique pédophile et que le monde irait mieux s’il était resté incognito dans une petite chapelle de Belfast. Ayé, je suis Charles Manson.

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20h40 Je détestais prendre le bus pour aller au collège parce qu’une fois sur deux, en 2004, tu te payais Vertigo à sept heures du mat’ à plein volume. La réentendre ce soir en ouverture de « How to dismantle an atomic bomb » est un point de non-retour. Je suis à deux doigts de capituler. Je commande une pizza.

20h47 En attendant le livreur, j’ai la bonne idée de faire un Solitaire. Que je perds. Même l’ordi n’a plus aucun respect.

20h50 Love And Peace Or Else. BONO ÇA FAIT SEPT ALBUMS QUE TU NOUS PARLES DE PAIX T’ES VRAIMENT QU’UN ESCROC J’EN PEUX PL… On sonne. Je suis sauvé. Paix et amour mes frères. J’ai même pas honte quand je paye le type alors que je suis en robe de chambre et qu’il me regarde bizarrement en entendant l’intro de City of Blinding Lights (qui elle me cassait les couilles lors du trajet de retour en bus).

21h11 La 4 fromages avec supplément fromage m’a refait. Trop drôle que je la finisse au moment où commence Crumbs From Your Table (les miettes de ta table en VF). Allez, je suis chaud les gars. J’ai fini le pack mais j’ai du whisky, du coca, le moral et la patate. Viens me chercher Bono.

21h18 Ils ont osé appeler un morceau Original Of The Species. J’en ai plus que marre.

21h26 La chanson-titre de « No line on the horizon » est, je n’ai pas honte de le dire, pas trop mal. Pendant la première minute, on dirait du Arcade Fire avec du cœur. Bon après, Bono gâche un peu l’effort en cabotinant plus fort que Clavier dans Les Visiteurs. Et à cette heure-ci, après tout ce que j’ai subi, ma capacité de jugement n’est pas du tout fiable. Balancez-moi le dernier Justice, je serais capable de danser, c’est vous dire.

21h35 Moment of Surrender. Je le redis : changez de chanteur, de producteur et raccourcissez les morceaux de trois minutes, vous aurez quelque chose de potable les mecs.

21h43 Par exemple, je ne suis pas contre la première minute de Unknown Caller. Après ça se gâte. Comme si un Bono ne suffisait pas, le voilà qui abuse du doublage de voix. J’ai plus l’énergie.

21h52 Get On Your Boots. DU ROCK AND RAUL ! Sérieux, The Edge fait pas que de la merde sur cet album et j’entends enfin la bonne vieille basse d’Adam Clayton mais bon, je picole trop là, je raconte n’importe quoi et même que j’ai encore perdu mon SOLITAIRE C’EST PAS POSSIBLE !

21h56 Ce moment gênant où tu écoutes Stand Up Comedy mais où tu préférerais écouter Kev Adams.

22h00 FEZ/Being Born est mieux que le King of Limbs de Radiohead. C’est dit.

22h06 Je pleure à nouveau à l’écoute de White As Snow parce que je sais la fin proche et que, si je suis un peu honnête avec moi-même, je sais que rien dans ma vie ne sera aussi intense que cette expérience, que ce tête à tête avec la bande à Bono. Quand je me lèverai demain, tout me semblera fade, plus rien n’aura d’importance. Je ne suis qu’un tas d’os qui attend la fin du monde.

22h15 Cedars of Lebanon. Je baigne dans un océan de quiétude où rien ne peut plus m’atteindre. Ce relent de pizza ne fera pas de moi un mortel car je flotte au dessus de la masse et ne regarde plus en arrière. Je n’ai plus de bières mais rien ne pourra m’arrêter. Je serais le meilleur dresseur.

22h18 Franchement, je sais pas si c’est parce que je vois le bout du tunnel mais « No Line on the Horizon » est la chose la moins horrible qui me soit arrivée aujourd’hui avec « Zooropa ». Presque de la relaxation niveau CD d’ambiance acheté à Jardiland.

22h20 Ne possédant pas de smartphone, je n’ai pas eu l’honneur de recevoir « SONGS OF INNOCENCE » en cadeau sournois. Tout ce que je sais, c’est que son titre et sa pochette sont une preuve supplémentaire dans mon dossier de pédophilie. Comment ? C’est le fils de Larry Mullen Jr.? Larry Mullen Junior Junior ? À oualpé avec son padre ? Bon, qu’on en finisse.

22h23 Le miracle de Joey Ramone. Je serais l’un des ayants droit, je porterais plainte.

22h29 California (There Is No End to Love). Les voilà qui profanent les Beach Boys maintenant ! Que fait la police ? Que fait Brian Wilson ? La sieste, sûrement.

22h38 Lors d’une journée normale, j’aurais presque pu supporter les 5 minutes 20 d’Iris (Hold Me Close). PAS AUJOURD’HUI !

22h40 1963-1970 : Les Beatles imite les Beach Boys qui imitent les Beatles. 2005-2014 : Coldpay imite U2 qui imite Coldplay.

22h44 À la fin de Volcano, il y a une chorale qui fait des chœurs. Ça pourrait très bien être projeté en boucle dans les hauts-parleurs d’Abou Grahib pour torturer les prisonniers. Ou à l’inauguration de Trump. Enfoiré de Trump, c’est de ta faute tout ça.

22h47 Sur la ligne d’arrivée, Bono réalise l’impossible : faire encore pire que ce que je croyais être le pire. Ladies and gentleman, je vous présente Raised By Wolves, élu pire morceau de toute la discographie de U2. Pour de vrai cette fois. Le refrain dit : élevés par des loups, nous avons été élevés par des loups. Je suis sur le cul.

22h51 Comment ça, Windows Media Player ? Danger Mouse est crédité ? Mais…

22h53 You’re Gonna Sleep Like A Baby Tonight. NON ! Je vais me pendre, je vois pas d’autre solutions.

23h00 ALLEZ ON Y CROIT ! Plus que deux morceaux. Toute ma vie m’a amené à ce moment. On tient le cap. Ce serait con de craquer maintenant. Pas après avoir gravi la plus haute montagne. Pas après avoir couru à travers les champs. Je trouverais ce que je cherche même s’il faut mourir.

23h05 Si près du but mais pourtant si loin… Le boss final est un duo avec Lykke Li. Priez pour moi.

23h08 Le silence.

23h10 La paix absolue.

23h15 J’ai In The Name of Love dans la tête.

Qu’est-ce qu’on a appris les enfants ? Déjà, ne le refaites pas chez vous. Ensuite, si quelqu’un vous colle un flingue sur la tempe en vous ordonnant d’écouter U2, choisissez « Zooropa ». N’achetez pas de hachis parmentier périmé chez Lidl. Ne confiez pas votre progéniture à Bono.

Et surtout, ne croyez jamais les sondages. Sinon, vous vous sentirez obligés de voter Fillon pour ne pas avoir à vous taper l’intégrale de Sting.

ENTREZ DANS LA TRANSE D’HYPERCULTE

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Vous n’avez pas idée de tout ce que l’on peut faire avec une batterie et une contrebasse quand elles sont mélangées à tout un tas d’effets. Bon d’accord, il y a bien une guitare qui vient se greffer de temps en temps, mais il est plutôt hallucinant de voir la puissance sonore que dégagent ces deux têtes-pensantes. Leurs concerts sont l’occasion pour eux de procéder à de grandes messes cérémonieuses qui leur permettent de prêcher un message : celui du SOS. « Tu as devant toi un champ de bataille » martèle le groupe avec « Bataille », justement, et une musique inspirée du kraut et du post-punk. Et c’est plutôt hallucinant de voir à quel point c’est entraînant. Il suffit de regarder les quelques vidéos live du groupe sur Youtube pour se rendre compte de la démence de la performance.

Mais de quoi peut bien parler Hyperculte, quand il dit qu’il a « envie d’y foutre le feu » en mettant en scène des jeunes lycéens qui s’insurgent ?

Sur fond de musique militante et alarmiste, les textes sont balancés en pleine gueule avec un message cherchant à être transmis avec le moins de détours possible. On nous annonce que le monde va mal (ah bon?), un peu comme si Catherine Ringer (ou Ribeiro, faites votre choix) avait eu une illumination rétro-futuriste sous acide et venait nous prévenir du péril qu’encourt notre civilisation humaine. Bon, sur ça, on est déjà au courant. Un petit peu. Mais le fait de l’entendre en musique est encore plus équivoque.

L’effet de répétition à la sauce kraut donne à la musique du groupe un aspect tribal. Juste ce qu’il faut de psychédélisme pour que le public se décoince le balai du cul et entre en transe pour mieux percevoir les paroles. C’est limite un appel à la prise de conscience générale et à la révolution. Hyperculte, c’est un peu le groupe de musique qu’il manquait à Nuit Debout pour que les choses tournent vraiment.

« La nuit finira-t-elle un jour / Pourrions-nous vivre sans détours ? / Un vieux monde à démonter et tant de choses à renverser / Nouveau rêve à faire germer et tant de choses à inventer »

Hyperculte // Hyperculte // Bongo Joe records et Red Wig Records

https://hyperculte.bandcamp.com/album/hyperculte-2

En concert à la Maroquinerie le 21 janvier pour notre Gonzaï Night : Alpes, Hyperculte & Turzi Electronique Experience

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Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche sort un nouvel album aussi long que ce titre et voici un premier clip en exclu

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Voilà. Vous disposez maintenant de toutes les infos nécessaires sur ce super album. Et parce qu’on a bien fait notre boulot de journaliste, et que vous croulez tellement sous la thune que vous ne savez plus quoi en foutre, vous pouvez acheter « Pas pire pop, I Love You So Much » en cliquant ici.

En concert : le 27.02, Strasbourg (La laiterie), le 28.02 à Lyon (Marché gare), le 01.03  à Paris (Point éphémère), le 02.03 à Vannes (L’échonova)

 

 

L’art psychédélique expliqué par Marijke Koger

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Si Marijke Koger a fait de McCartney et de son quatuor sa pierre philosophale, il n’en reste pas moins que son art visuel a aussi croisé la route de Cream, mais aussi de la comédie musicale Hair. À chaque fois, monts et vermeil, pochettes flash typiques des sixties et mêmes œuvres murales sur la célèbre Apple Boutique des Beatles, sur Baker Street. Remise au goût du jour par les franges rétro du groupe Blues Pills, l’artiste nous explique en porfolio commenté quelques unes de ses œuvres multiples à 24 carats et à la rigueur psyché. De Am à Graham, immersion au cœur du kaléidoscope qui dessina les courbes de la planète pop de la fin des années 60 avec sa principale actrice, Marijke herself, qui rappelle à sa manière que les activités psychiques qui débordent de la marge n’appartiennent pas qu’à Marvel et son docteur de l’étrange.

Lucy (Peinture)

“Je suis né dans la banlieue d’Amsterdam, aux Pays-Bas. J’ai grandi en étant entourée de fermes et de prairies où, grâce à une merveilleuse famille d’accueil, j’ai pu découvrir les joies de la campagne avec comme meilleure amie Ida, un Setter irlandais. À l’époque, j’adorais les illustrations de livres pour enfants, notamment les livres et films signés de la patte de Disney, ses Alice Comedies étaient l’une de mes friandises favorites. Amsterdam était connue comme étant une sorte de Magic Center quand j’étais adolescente. Ce mélange a donc suscité mon intérêt pour que je veuille très rapidement entrer dans une école d’art, ce que je fis dès l’âge de quinze ans. En parallèle, j’ai commencé à travailler en tant que créatrice dans une agence de publicité, une belle oportunité qui m’a permis de participer à des happenings où je fis la rencontre de mon futur mari, Simon Posthuma. Nous avons été sollicité pour exposer au centre culturel de la ville, “The Trend”, et mettre en avant nos compositions, principalement une ligne de vêtements, la “Flashing Fashion”. Avec du recul, je me rends compte que je plantais là les graines de ce que deviendra bien plus tard, la boutique Apple de Londres.”

A-Lucy

The Fool (pochette)

“Portés par cette créativité bouillonante, Simon et moi décidons de migrer en Angleterre en 1966. De rencontres en rencontres, notre premier travail à l’orée de l’année 1967 fût de peindre les instruments et de designer les costumes de scène du groupe Cream pour leur première tournée américaine. L’idée première était de personnaliser les instruments de chacun, idée qui fut appréciée par le manager du groupe Rober Stigwood. C’est lui qui nous proposa la création des costumes. Autrement que par la peinture, il s’agissait de saisir les nuances de différents textiles et de les assembler, de créer une sorte de patchwork magique. C’est cet aspect que nous voulions mettre en évidence. Lorsque nous avons commencé à travailler avec Les Beatles, je me suis vite retrouvé débordé par la demande. J’ai dû faire appel à une vieille amie de l’école, Yosha Leeger, qui est naturellement venue se joindre à nous. Barry Finch, chargé des relations publiques, se joindra lui aussi à l’aventure, quelques temps plus tard. Fascinés par le tarot, nous décidons de nous baptiser communément “The Fool” en référence à une carte du premier jeu de Tarot du Major Arcana, symbolisant ce qui est lié à la culture”.

B-The Fool album cover

Incredible String Band (pochette)

“Simon et moi avons créé ce visuel à la demande de leur manager bien avant que The Fool ne devienne un groupe à part entière. Nous avons également contribué aux artworks de groupes comme The Hollies, The Move et créé les costumes de scène de Procol Harum. Il s’agissait des groupes les plus en vue à l’époque mais ils étaient surtout de très bons amis. Nous disposions d’un grand atelier où chacun vivait de ses petites habitudes quand il n’y avait pas de travail. Les groupes, tout comme certains membres. Eric Clapton aimait beaucoup nous y retrouver.”

C-ISB front

Armoire de l’atelier, mur de la maison de Georges Harrison

“Brian Epstein (manager des Beatles, ndlr) était un habitué du théâtre de Saville, il se chargeait de l’organisation des concerts tous les dimanches. Il a fait appel à Barry Finch pour trouver quelqu’un qui serait capable de redonner de la couleur à la couverture de leur programme. C’est grâce à cette couverture que nous avons été introduits auprès des Beatles. En deux temps. Une première fois, John et Paul sont venus à notre atelier accompagné de Mel Evans, un de leurs roadies. Ils se sont extasiés devant la variété et la pluralité de ce que nous proposions. L’un d’eux était comme hypnotisé par une armoire peinte qui trônait dans notre salon. Les deux autres membres n’ont pas tardé à les rejoindre. On nous a présenté à George et Ringo. Même Patti Boyd [muse de Georges Harrison et Eric Clapton, ndlr] nous a acheté quelques fringues, et Georges nous a commandé la peinture de l’un des murs dans sa maison de Kinfauns”.

D-Wonderwall Armoire
D2-George Harrison mural

Mur extérieur de l’Apple Boutique, représentations de diverses cultures ethniques

« Les Beatles venaient tout juste de commencer Apple quand ils nous ont contacté à nouveau. Il s’agissait d’une sorte de concept store qui selon Paul devait “être conçu comme un bel endroit où de belles personnes se devaient d’acheter de belles choses.” La majorité du stock de la boutique était constitué d’habits et d’accessoires à la mode. Lennon refusait l’appelation de “boutique”, mais malgré tout le concept se popularisa sous le nom de “Apple Boutique”. À chacun de leurs passages, ils trouvaient que la façade manquait vraiment de punch. Suite à une grande réunion avec Esptein, le groupe et leurs avocats, il a été decidé d’un commun accord, qu’elle serait décorée par nos soins. Nous avions également étoffé la batisse d’une boutique au premier étage où était mise en vente des reproductions de nos différents travaux. Et contrairement aux idées reçues, nous n’avons jamais décoré la Rolls Royce de Lennon. Nous avons bien peint son piano chez lui à sa maison de Weybridge et c’est de là que vient l’idée de la voiture. Un matin que je jouais avec son fils, j’ai trouvé au fond du jardin une véritable caravane tzigane qui dormait dans un coin. J’ai simplement suggéré à John de peindre sa Rolls de la même façon. Attiré par l’idée, il a trouvé les tziganes responsables de la décoration et leur a demandé d’habiller la voiture des mêmes oripeaux.

E-APPLE MURAL
E2-AppleGenie

Rainbowman, publicité pour l’algue Blue Green

“Difficile de dire d’où provenait notre inspiration. Nous étions très proche de l’esprit dégagé par l’univers des enregistrements Akashiques. Il s’agit d’un recueil de pensées, d’évènements et d’émotions qui amène à imaginer l’existence sur un plan non physique et plus connu sous le nom de « plan astral ». C’est une philosophie proche d’une certaine forme d’ésotérisme à travers laquelle nous cherchions à percer certains mystères de la vie pour nous approcher d’une forme divine inconnue. Cette pensée guidait nos réflexions, influait aussi sur notre subconscient – qui a évidemment sa part dans la créativité de certaines de nos œuvres. Je suppose que tout cela a servi la matière que nous exploiterons par la suite.”

F-Rainbowman

Façade de l’Aquarius Theater, détails de la fresque de l’Aquarius Theater

“Le président de Mercury Records, Irwin Green, est venu un jour nous rendre visite à l’atelier. Nous étions en pleine répétition d’un set acoustique que nous préparions avec Simon. Il a adoré le rendu et nous a proposé de le suivre à New York pour enregistrer un album. Le disque sera le pendant musical de notre mouvement artistique. C’est comme ça que Graham Bond s’est joint à l’aventure en tant que directeur musical et Graham Nash, comme producteur. Une fois l’album achevé, nous avons fait le tour des différentes radios américaines pour en parler, en terminant cette tournée par Los Angeles. C’est là-bas que nous avons rencontré Michael Butler, producteur de la comédie musicale Hair. Nous lui avons proposé de continuer l’aventure commencée avec les Beatles à Londres en peignant la façade de l’Aquarius Theater, où Hair devait se jouer quelques jours plus tard. Il trouva que c’était un formidable outil de promotion et nous donna carte blanche. En 1971, notre énergie changea et nos inspirations se tarirent. The Fool se sépara et les autres membres partirent des États-Unis pour rejoindre Amsterdam. Mon ami d’enfance, Yosha, décéda quelques temps plus tard, d’une rupture d’anévrisme. De mon côté, j’ai vécu une partie de ma vie à L.A, pour finalement quitter la ville en 1973, au moment de ma séparation d’avec Simon.

G-Aquarius Theatre Mural

G2-Urania Aquarius detail

Bob Dylan (poster)

“Si The Fool s’est terminé aux début des années 70, Simon et moi avons continué à enregistrer deux albums, “Son of America” avec Graham Nash et Booker T.Jones [le compositeur de Green Onions, Ndlr]. Nous connaissions Graham Nash de longue date, c’est l’une des premières personnes que nous avons rencontrée à notre arrivée à Londres. Il a toujours été très encourageant avec nous. Il aurait pourtant pu nous laisser de coté, n’en avoir que faire d’un groupe de musiciens folk amateur comme le notre. Mais non, il était toujours très drôle lors de nos enregistrements en studio. Il est pour beaucoup dans le bon esprit qui émane de nos disques. Par la suite, nous avons retrouvé Booker T.Jones pour l’enregistrement de notre dernier album “Mediterranean Blues”. Après celui-là, les relations entre Simon et moi n’ont plus jamais été les mêmes.”

H-Bob Dylan poster

Cosmic Circus (poster)

“Il est vrai que les chevaux sont souvent représentés dans mes œuvres. Je pense que c’est mon hommage à la nature. La nature, c’est le divin et les chevaux sont une de ses parfaites incarnations. Les chevaux soignent, ne sont pas exempts d’une certaine forme de noblesse et sont surtout vraiment très beaux. Ils ont tant donné à l’humanité à travers l’agriculture mais aussi les guerres et les plaisirs simples de l’homme… Je remercie l’existence de m’avoir permis de côtoyer leur bestialité et leur force. À travers ce rapport à l’animal, je parle également de ma croyance en la réincarnation. Qui me dit que je n’ai pas été un jour quelqu’un d’autre ? Je crois également que lorsque notre karma est enfin complété, que nous avons payé pour tous nos mauvais comportements passés, nous migrons alors vers de plus hautes sphères. J’aime la vie et je suis encore à la recherche de ces nouvelles sphères d’existence.

I-Cosmic circus

Blue Bills (poster et pochette) 

“J’ai peint ce poster en 1966 pour un concert ou un évènement dont je ne me rappelle plus la teneur. En 2014, le groupe Blue Pills m’a contacté via Internet pour utiliser ce visuel en vue d’illustrer la pochette de leur premier album. Leurs titres, partagés entre la reprise du Gipsy de Chubby Checker et un “Astralplane” m’ont tout de suite parlé. Je suis toujours heureuse de voir que maintenant encore des gens s’intéressent à mon travail. Il est surtout drôle de constater que les choses évoluant, on a pu leur donner envie de retourner en arrière pour revivre certaines années d’une façon nouvelle, pour s’en réapproprier la substance. Le rock de Blue Pills est plus appuyé que la plupart des artistes que j’ai côtoyés et la chanteuse, même si elle se donne tous les apparats des tenues seventies, est d’une beauté très actuelle. Une très belle beauté d’ailleurs…”

poster, Tue Jun 03, 2008, 11:52:30 AM,  8C, 6242x8448,  (1426+2665), 150%, bent 6 stops,  1/50 s, R93.1, G72.0, B97.5

poster, Tue Jun 03, 2008, 11:52:30 AM, 8C, 6242×8448, (1426+2665), 150%, bent 6 stops, 1/50 s, R93.1, G72.0, B97.5

SCHLAASSS CHIE SUR L’INDÉ ET VEND SON AME À UNE MAJOR

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Scoop : Schlaasss semble avoir mis de l’eau dans son vin, un peu comme si on était passé d’un vieux rouge qui tâche à un rosé pamplemousse ultra sucré. Après un premier album bête et méchant et un deuxième disque financé sur KissKissBankBank, le groupe a mystérieusement signé un contrat avec Sony Music et ses producteurs Bac + 5 en bon goût. Le pouvoir lobotomisateur de la major est tel qu’il a réussi a profondément modifié l’ADN de Schlaasss pour en retirer tout ce qui faisait son essence ; à savoir des textes crus et poétiques dans la plus pure tradition baudelairienne. Résultat : une espèce de machine à zouka-dance autotunée du samedi soir. On se demande où a bien pu passer l’esprit de rébellion si caractéristique du groupe.

Face à notre surprise et suite à l’écoute du premier single extrait de ce futur tube de l’hiver, Schlaasss a été intercepté pour donner des explications sur ce revirement. Mais avant le droit de réponse du groupe, voici en exclusivité le clip de Bisous (très) justement mis en cause.

Alors comme ça on on troque la haine trash contre l’amour bisous-bisous ?

Charlie : Disons qu’on a grandi… On était fatigués de se faire insulter et de n’avoir à faire qu’à des cas sociaux qui nous demandaient de façon implicite de valider leurs modes de vie de drogué et leurs positionnements politiques adolescents… En même temps, vu ce qu’on envoyait et ce qu’on racontait dans nos chansons, on recevait l’énergie qu’on envoyait ! C’est la loi du karma ! Tu donnes de la merde, tu reçois de la merde ! On a envie de passer à autre chose. Sans renier cette période punk où on s’est bien amusé quand même.

Daddy : De mon point de vue on ne troque rien du tout, on a toujours fait dans l’amour. Seulement maintenant on a juste un discours plus mature. Il faut savoir s’assagir et être clair dans le message que l’on veut faire passer.

C’est l’effet 2017, l’année gentillette ?

Charlie : En fait je suis enceinte… Et je vais accoucher en 2017, donc oui je ne vais pas me rouler par terre en gueulant « Salope », mais je vais dire « Bisous », ça donnera une meilleure image de moi à mon futur enfant !

Daddy : Je ne dirai pas que 2017 est gentillette mais si en tant qu’artiste on peut contribuer à adoucir le monde, ça ne peut pas faire de mal.

« Je suis sûr que nos fans de la première heure sont assez ouverts pour nous accompagner dans ce changement de cap »

Donc vous avez signé chez Sony ? Comment ça se passe avec eux ?

Charlie : Leur équipe est géniale ! C’est vraiment agréable d’avoir des pros qui connaissent vraiment leurs métiers. Ils nous guident sur un tas de choses ! Avant, on faisait tout de manière artisanale et sans fric, et ça a ses limites… Maintenant, on a des stylistes qui nous disent comment nous habiller et même des maquilleuses ! Le rêve quoi ! Et puis musicalement aussi, on a revu beaucoup de choses. Max, notre producteur ne nous a pas lâché en studio. On a passé des nuits à retravailler les beats et les flows… Bon, Kiki a dû renoncer à quelques-une de ses idées mais bon, il habite à Lyon le pauvre !

Daddy : On a bénéficié d’une sacrée expérience, d’un accompagnement artistique hors pair qui sait tenir compte des contraintes du business, et c’est quelque chose qui nous manquait.

Vous ne craignez pas que vos fans de la première heure soient un peu déçus de ce changement de cap ? Même si le reggaeton-tropical vous va plutôt bien.

Charlie : Nous n’avons pas changé, nous évoluons… Et vu le contexte actuel, toute cette vulgarité : Donald Trump, Cyril Hanouna… Finalement c’est presque plus subversif de faire une chanson d’amour douce et sucrée que de brailler des insanités bien grasses habillés en jogging fluo.

Dandy : L’important c’est d’être honnête, je suis sûr que nos fans de la première heure sont assez ouverts pour nous accompagner dans ce changement de cap, et puis si ça peut nous ouvrir sur un autre public on n’est pas contre.

L’album à venir sera-t-il dans la même lignée que « Bisous », c’est-à-dire plein de tendresse et de coquinerie ?

Charlie : Cette fois, il faudra vraiment l’acheter pour le savoir ! On a signé chez Sony, faut qu’on fasse des ventes !

Dandy : Tendresse et coquinerie, il n’y a que ça de vrai !

Charlie et Daddy : Et gros Bisous !

Schlaasss // Casa Plaisance // Sony Music, sortie le 3 mars

https://schlaasss.bandcamp.com/album/slaasssch
Release Party le 10 mars au Petit Bain

DANS SON NOUVEAU CLIP, MUSTANG EMMERDE LES PAUVRES

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Mustang // Karaboudjan // Sortie le 27 janvier

pochette MUSTANG EP

 

Paprika Kinski : le cœur grenadine

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« Je ne sais pas qui a fait ça, mais c’est pas cool. Je l’aimais bien et puis c’était pratique ». Attablée en face de moi dans cette ambiance feutrée du Café Charlotte dans le XXe arrondissement, la moue de Paprika Kinski est boudeuse. La cause ? On lui a volé sa bicyclette quelques jours auparavant. Sa voix est douce, fragile mais assurée.

Paprika est une jeune Lilloise blonde à l’air mutin, avec un physique d’adolescente et à la peau blanche comme de la porcelaine, toute droit sortie d’une peinture de Pietro Rotari. S’ajoute à cela de grands yeux verts que je tente d’éviter, de peur de m’y noyer.

Avec elle, que le sujet soit une bicyclette, la pop musique ou une liaison amoureuse, l’émotion teeny est toujours à fleur de peau. Ce sont justement ces sentiments qui transparaissent dans son magnifique EP «Steady Lover», fait de ces quelques chansons intimes et vitales qui sont l’objet de cette rencontre.

Ne vous fiez pas aux premières écoutes, il faut faire un effort. Là où on peut entendre des sonorités synthétiques vaguement new-wave, le disque s’avère beaucoup plus malin et érudit. Submergé plus que jamais par sa timeline, en manque total d’attention, on peut ne pas comprendre ce mini album et passer à côté d’un grand moment. Car Paprika, voyez-vous, ça se mérite.« Il n’y a pas besoin d’argent pour créer », me dit-elle en remuant sa tasse de thé, « C’est pareil pour la musique, il n’y a pas trop d’argent mais on s’éclate. C’est une connerie de tout le temps vouloir du pognon pour faire des trucs. Certaines fois, on observe des débauches de moyens pour zéro idée derrière ». C’est ce côté DIY que l’on retrouve sur ce disque, mais aussi dans sa propre vie. Car en plus de composer des comptines pop sucrées à tomber, Paprika est passionnée de mode et de création : «La mode et la musique, j’ai toujours fait les deux en même temps, sans me poser de questions. Ma grand-mère m’a toujours dit qu’il fallait plusieurs cordes à son arc. C’est pour cela que je fais plein de trucs ».

La fille au bas nylon

Réalisé avec très peu de moyens donc, et une liberté absolue, « Steady Lover » de Paprika Kinski est une flèche dans notre petit cœur grenadin. L’incroyable chanson Steady Lover, avec son phrasé introverti, son doux parfum de bluette adolescente,  ramène à une scène musicale quelque peu oubliée et moquée : celle de l’indie pop anglaise timide du milieu des 80’s. L’époque où les groupes se nommaient The Shop Assistant, The Black Tambourine ou The Pastels. Coincés entre la new-wave maquillée pute-FM d’Eurythmics et le grunge de Dinosaur Jr, ces anti héros, issus de la classe moyenne blanche, habillés de fripes, paraissaient plus tristes qu’en colère.

« J’adore toujours Adamo. Je trouve cela délicat et il a des chansons superbes. »

Ces groupes géniaux ont peut-être inventé l’une des dernières scènes musicales, que cela soit en termes d’attitude, de son ou bien d’esthétique. C’est aussi eux que j’entends dans la musique de Paprika. Mêler la mode et la musique, cela paraît logique quand on observe à la loupe ce mouvement et son parcours. Même si durant sa jeunesse, Paprika n’était pas trop branchée pop : « Ma grand-mère écoutait beaucoup de folklore polonais » se souvient-elle, » mais aussi Adamo. J’adore toujours Adamo. Je trouve cela délicat et il a des chansons superbes ». C’est ensuite au contact de son cousin qu’elle découvre un monde plus teen spirit : la bande-son des 90’s « Oui, beaucoup de rock. Des K7 de Smashing, Pumkins, Offspring, Nirvana, les Pixies. Et puis le groupe Deus aussi, car on n’est pas loin de la Belgique ». Dans la famille, on n’a pas trop d’argent mais on a plein d’idées ; on recycle les vêtements, on recoud, on modifie: « Comme je venais d’un milieu très modeste, j’avais les fringues de mon cousin. Cette frustration a développé ma créativité, la débrouille : on ne peut pas avoir, alors on fait ». Après des études ratées en architecture – « je crois que j’étais un peu nulle » – notre petite poupée shoegaze entame très logiquement des études dans la couture et découvre le monde des paillettes de la mode. Un monde, dit-elle, fait de « broderie, de belles coupes, de beaux tissus, mais aussi plein de gens dégueulasses ».

Et la musique dans tout ça ? Elle est passée par pas mal de petites formations, dont Douglas & The Beauties : du genre electroclash, ou plutôt « du copié/collé de Miss Kittin » se souvient Paprika : « c’était un rôle de potiche, mais je m’en amusais beaucoup. Je mettais des petites robes, c’était un peu punk, je sautais dans le public, le tout sur des paroles à la con. Quand tu prends possession de ça, tu t’en fiches. Puis ça m’a saoulé ».

Lost In Translation

Après des expériences musicales ratées et des prises de tête, Paprika a l’idée et l’envie de faire ce disque rien que pour elle. Elle s’enferme dans une maison de campagne durant tout un été. Et c’est seulement armée de sa basse, de son petit laptop et de son énorme talent que les démos de l EP « Steady Lover » voient le jour. Un peu plus tard, sur Paris, alors qu’elle se retrouve à improviser un concert dans une boutique de fringue, la grande rencontre se fait. « C’était un genre de showcase, c‘était ultra cheap, il y avait des larsens partout. J’étais seule au micro avec mes prod qui tournaient derrière. Et là, il y avait un certain David Shaw qui m’aborde : Il a tout de suite adoré et a voulu me produire ».

David Shaw, un des producteurs techno parisiens les plus talentueux, s’immerge dans les démos de Paprika et met en forme les chansons de notre poupée indie. Avec l’aide des musiciens qui accompagnent Paprika, il lui dessine une architecture racée. Le crew du label Her Majesty’s Ship de David Shaw la prend sous son aile, elle découvre une nouvelle famille et commence à tourner. Ils osent tout, et elle se fait même remixer par le meilleur combo de dandy-punk français, Vox Low.

« Le label, ils me donnent confiance en moi, et me poussent à oser. Par exemple, j’ai composé une chanson pour Christophe et on lui a envoyé. Avant je n’aurais jamais osé faire ça. C’est une chanson qui raconte l’histoire d’une fille qui tombe amoureuse de son prof de tennis. Mais bon… je n’ai eu aucun retour de Christophe, ah ah!»

Sur l’album, il y a ce morceau Kids Of Your Crime, parfaite symbiose post-moderniste de huit années d’indie pop et logée dans un écrin futuriste. Cela fait aussi référence directement à l’esthétique dreamscape du Lost In Translation de Sofia Coppola : celle où les jeunes filles sont perdues dans leurs pensées et regardent le monde à travers une vitre. Se protéger, mettre une distance entre soi et le monde. C’est ce que suggèrent les comptines de Paprika, véritable cocon pop, qui convoque tous ces groupes anglais.

(C) Gerard Love

(C) Gerard Love

If You Need Someone

Remember, tous ces kids tout tristes de 1987. Pour elles, c’était des nœuds ou des barrettes dans les cheveux, des cardigans en laine anglaise de maman accouplés à des marinières et des jupes de bibliothécaires. Pour eux, des pulls col en V de chez Mark & Spencer, des chemises de première communion boutonnées jusqu’en haut avec, aux pieds, des clarks marronnasses fatiguées. Le tout rehaussé d’un soupçon de couleurs pastels, comme une note de romantisme ajoutée à ces guenilles dépareillées trouvées à l’Armée du Salut. Pour les cheveux, là aussi rien n’était laissé au hasard : la coupe au bol de school boy à la Byrd, le cheveux sale et la frange qui masque la vision: cette génération ne voulait pas voir ce qui l’ entourait; elle ne voulait pas affronter le regard des autres.

Sans oublier le signe de reconnaissance ultime de l’époque : l’anorak. Toujours de couleur terne : gris, noir ou marron. Juste un anorak informe, mal coupé et laid que leurs mères les obligeaient à porter parce qu’à Sheffield, il pleuvait tout le temps.  Cet anorak merdique, c’est comme un doudou pour ceux qui refusent de grandir. Un groupe de l’époque – Another Sunny Day – en a même fait une chanson : Anorak City. Là où les punks pogotaient sur place, montraient les dents et s’abrutissaient à la bière, la scène pop anorak, elle, a très bien compris ce qui se passait : contre le malaise et la dureté de l’ère Tatcher, on préfèrait faire l’autruche et cacher le regard derrière une frange de cheveux. Se raccrocher à ses parures adolescentes. Se blottir dans une bulle. Cette scène artistique a été traitée de mauviettes trop érudite, trop intello, trop romantique, trop tchoupi… trop chiante même.

Ce terme de « mauviette », les gens de cette scène le prenaient très à cœur, et se sont donc mis à le revendiquer. Contrairement aux canon pop FM, eux ne s’inventaient pas une vie. C’est tout cela que raconte les disques de cette époque. Ils n’en voulaient pas de cette vie. Alors ils ont créé cette pop, comme un liquide amniotique. Plus que les Smiths, c’est le groupe The Field Mice qui résumait à merveille cette époque avec son morceau If You Need Someone : «If you need someone/ To make you happy/ i’ll try to…».

Et c’est que je ressens après plusieurs écoutes du mini album de Paprika. Comme les groupes de cette époque, elle a eu le courage de mettre sa timidité de côté pour nous ouvrir son monde secret et imaginaire : sa chambre d’adolescente, pur échappatoire romantique aux murs couverts de portrait de Robert Smith ou Stephen Pastel. « Isolate people meet other isolate people », chantait ce dernier. Derrière la voix de Paprika en écolière sage, c’est une nouvelle fille de la pop qui troque les riffs de guitare jangle pop 60’s contre des tessitures synthétiques. Elle ravive cela, sans sonner comme une copie, mais prolonge cette bedroom pop, inoffensive à première écoute, mais venimeuse et lourdement chargée de sens.

La suite pour Paprika c’est de continuer d’irradier à le monde de son sourire et de sa techno-pop papillonesque avec un prochain EP pour 2017 : « peut-être moins girly, on verra ». En 1985, Laurent Voulzy chantait Les Nuits Sans Kim Wilde, pour un tube new-wave français 80 d’anthologie. Avec sa beauté de papier glacé, son charisme et ses chansons à tomber par terre, on l’a peut-être retrouvé, cette Kim Wilde. Elle s’appelle Paprika Kinski.

Paprika Kinski // Steady Lover EP // Her Majestiy’s Ship Records
https://www.facebook.com/paprikakinski/ 

Pour les parisiens fans de Kim Wilde et Laurent Voulzy, Paprika sera en concert le 21 Janvier 2017 à l’alimentation Générale.

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